Les difficultés d’engager des réformes économiques pendant les périodes transitoires ont été débattues lors de la 21ème session de la conférence annuelle du Forum de recherche économique (FRE) dont les travaux ont démarré vendredi à Gammarth.
Ahmed Galal, directeur de ce Forum, a souligné, à l’ouverture, l’importance de la construction des institutions politiques démocrates et de l’ancrage de la démocratie pendant les périodes de transition. Selon lui, la démocratie offre aux peuples l’opportunité de participer à l’élaboration des politiques nationales adéquates et par conséquent l’impulsion de la croissance, mais pour Adam Przeworski, chercheur et universitaire de New York (USA) «la démocratie ne peut pas être considérée, obligatoirement, comme un garant de la croissance et du développement économique».
D’après cet universitaire, la démocratie favorise la liberté d’expression et d’action, d’où la multiplication des grèves et des mouvements de protestation, ce qui est de nature à décourager les investisseurs.
Par ailleurs, «en régime démocratique, il est difficile d’imposer des réformes au peuple, en dehors de consensus, ce qui rend la tâche difficile aux pays en transition. Tandis qu’en dictature, il est facile de concrétiser un changement ou une réforme car le peuple et les partis politiques ne peuvent pas les contester» a-t-il dit.
Evoquant les transitions politiques dans les pays arabes, il a noté que «la chute d’une dictature n’est pas suivie automatiquement par la naissance d’une démocratie., Pour un certain nombre de pays, on assiste même à l’émergence de nouvelles dictatures».
En ce qui concerne la Tunisie, le chômage, notamment des jeunes diplômés, constitue le plus grand handicap.
Pour sa part, le représentant de l’Association économique tunisienne Hédi Larbi, a indiqué que la phase transitoire se caractérise par un ralentissement de la croissance économique en raison de l’instabilité politique, du fléchissement de l’investissement et des mouvements sociaux.
«Une fois le nouveau régime démocratique est en place, les institutions de l’Etat deviennent plus solides et la machine productive reprend son rythme. Ainsi, la croissance s’accélérera», a-t-il expliqué.
Créé en 1993, l’ERF est un réseau régional d’économistes relevant des pays arabes, l’Iran et la Turquie. Ce réseau, qui a pour objectif fondamental d’améliorer la capacité de recherche dans la région, est soutenu par plusieurs bailleurs de fonds régionaux et internationaux (Banque mondiale, gouvernement suisse, etc.).
Les travaux de sa 21 conférence se poursuivront jusqu’au 22 mars avec la participation attendue d’environ 200 économistes.