Brésil : chez les petits caféiculteurs, la mécanisation est tendance

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ès de 70% du café brésilien vient de plantations de moins de 30 hectares (Photo : Jean-Christophe Magnenet)

[22/03/2015 18:35:02] GUAXUPE, Etat du Minas Gerais (Brésil) (AFP) Concentré, Diovane Nogueira jauge un tracteur de petite taille, spécialement adapté à la largeur des allées de caféiers. Cet exploitant de 15 hectares a investi dans un engin l?an dernier et en vante les atouts à son cousin, au c?ur d?une foire agricole consacrée aux caféiculteurs.

Près de 70% du café brésilien vient de plantations de moins de 30 hectares. Face à la hausse des coûts et à la raréfaction de la main d??uvre, ces petits cultivateurs mécanisent leur activité. Le volume des achats lors de la foire Femagri, du 18 au 20 mars dans la région caféière du Minas Gerais, a doublé par rapport à l?édition 2014.

“Les jeunes cherchent des emplois moins pénibles que les travaux des champs, sous le soleil. La mécanisation vient pallier ce manque de main d??uvre. Rares sont ceux qui cueillent encore manuellement”, explique Carlos Alberto Paulino da Costa, président de la coopérative Cooxupé, organisatrice de l?événement.

– Moto-pulvérisateur et mini-tracteurs coréens –

Face à l?ampleur du marché, les fabricants d?engins s?adaptent aux superficies ? et au budget ? des petits caféiculteurs.

Un bricoleur présente ainsi sa moto pulvérisatrice, équipée d?un tonneau et de bras d?arrosage verticaux. “Idéale pour circuler entre les allées de caféiers !”, assure-t-il en montrant une vidéo de démonstration sur son téléphone portable.

L?entreprise LS Tractor, originaire de Corée du Sud, parie sur les petits tracteurs de 40 à 105 chevaux. “Les exploitations coréennes sont peu étendues mais très mécanisées. Au Brésil, tout reste à faire. Cette niche représente 65% du marché” brésilien, souligne le gérant des ventes, Ronaldo Pereira.

Longtemps exclus du système bancaire brésilien, les petits producteurs accèdent désormais à des lignes de crédit avantageuses. “J?ai emprunté 70.000 réais (23.000 euros à l?époque) sur 10 ans et je n?ai commencé à rembourser qu?au bout d?une année”, témoigne Diovane Nogueira.

Il utilise l?engin pour le nettoyage et le traitement de ses plantations. Pour la cueillette, il a acheté quatre appareils motorisés, surnommés “petites mains”: un manche couronné de longs doigts de plastique qui, en vibrant, décrochent les grains de café. “Ils tombent sur un tissu qu?il suffit ensuite de ramasser. On récolte trois fois plus vite qu?à la main”, ajoute-t-il.

– Système de troc : sacs de café contre équipements –

Le producteur n?a pas déboursé un centime pour cet achat: sa coopérative, la Cooxupé, a réglé la dépense et se remboursera en café sur ses trois prochaines récoltes. “C?est idéal : tu utilises la machine pour récolter le café mais tu ne la paies qu?après !”, s?enthousiasme-t-il.

Ce système de troc a représenté plus de la moitié des 55 millions de réais de tractations (16,8 millions d?euros à l?époque) de la foire 2014.

“Il y a 20 ans, tout se faisait à la main”, témoigne Antonio Lazare de Rezendes, un ancien du secteur. “Mais aujourd?hui je loue une machine pour récolter les parties planes de mes plantations. La main d??uvre est devenue beaucoup trop chère”.

Derrière lui, le dernier modèle de cueilleuse attire les curieux : semblable à un portique de nettoyage automobile, avec ses deux rouleaux verticaux, elle est conçue pour embrasser les caféiers par le dessus et faire tomber les grains sur des tapis roulants.

Dans son stand des machines Vicon, Jean Carlos Gerhardt da Silva tempère l?enthousiasme ambiant. “Les taux d?intérêt augmentent, certaines lignes de crédit ont fermé, on va encore subir la sécheresse cette année? Pas sûr que les ventes durent”, prévient le commercial.

Le Brésil, premier producteur mondial de café, devrait cueillir environ 45 millions de sacs de 60 kg cette année, selon la Conab (Compagnie nationale d?approvisionnement).