Début du procès aux Prud’hommes des cheminots marocains contre la SNCF

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ée en 1963 entre la France et le pays fraichement indépendant (Photo : Patrick Kovarik)

[23/03/2015 08:56:34] Paris (AFP) Le Conseil des Prud’hommes de Paris a commencé lundi matin l’examen des recours pour discrimination déposés contre la SNCF par 832 cheminots de nationalité ou d’origine marocaine, qui affirment avoir été bloqués dans leurs carrières et pénalisés à la retraite.

L’audience s’est ouverte en présence de 150 cheminots et de quelques veuves, serrés dans la plus grande salle du Conseil des Prud’hommes. Environ 200 dossiers devaient être examinés lundi.

Embauchés au début des années 70 comme contractuels, donc avec un contrat de droit privé, ces agents à la retraite, ou proches de la retraite, ne relèvent pour la plupart pas du statut particulier des cheminots, plus avantageux mais réservé aux ressortissants européens.

La SNCF résuse toute discrimination à l’égard de ces “Chibanis”, qui affirment avoir été cantonnés aux plus bas niveaux de qualification (agents d’exécution à de rares exceptions, tardives) et pénalisés à l’heure de la retraite.

Plusieurs Chibanis ont confié leur sentiment de s’être fait “arnaquer”. “Il faut que la justice soit faite. Ils disaient +travail égal, salaire égal+ mais cela n’a pas été le cas. A la retraite, on a eu des miettes, on s’est rendu compte qu’on avait été arnaqués”, explique à l’AFP un plaignant de 68 ans qui préfère ne pas être nommé.

“On a dit que nous étions les +indigènes du rail+, comme il y a eu les combattants marocains, c’est vrai. On a contribué à l’essor de la France”, estime Ksioua Ghaouti, 66 ans, qui a fait sa carrière à la gare de triage de Strasbourg. “Il fallait voir le travail, la nuit, à composer les trains, je connais trois collègues qui ont eu le bras coupé”, se souvient-il.

Pour ce cheminot naturalisé francais, l’un des 113 plaignants qui parviendront – tardivement – à accéder au statut, et qui est devenu chef d’équipe, les Chibanis “ne demandent pas l’aumône, mais la justice et l’égalité”.

En “réparation”, les plaignants réclament en moyenne 400.000 euros de dommages et intérêts, dont la moitié au titre du préjudice de retraite, le reste pour les carrières. Si les Prud’hommes leur donnaient raison, la facture serait lourde pour la compagnie ferroviaire.

Les premiers recours ont été déposés dès 2005. Au fil des audiences de jugement qui se sont tenues entre 2012 et 2014, tous les recours ont été renvoyés en départage, les conseillers prud’homaux ne réussissant pas à tomber d’accord. Les recours, réexaminés cette fois par un juge professionnel, feront l’objet d’une douzaine d’audiences regroupées sur quatre jours, jusqu’à vendredi.