Dans une banlieue de Riyad, en Arabie saoudite (Photo : Fayez Nureldine) |
[25/03/2015 19:55:50] Paris (AFP) Les entreprises françaises de transport cherchent à se tailler la part du lion au Moyen-Orient, notamment dans la péninsule arabique qui crée ses réseaux urbains et ferroviaires, à l’instar du groupe d’ingénierie Systra dont l’Arabie Saoudite est devenue le deuxième marché.
Trains, métros, tramways et bus s’implantent peu à peu le long des larges avenues, dans le paysage de cette région vouée à la voiture.
“Il existe dans ces pays une conjonction entre (l’accroissement) de la population, un besoin, de l’argent, et une vraie volonté politique”, explique Pierre Verzat, le président de Systra, filiale d’ingénierie commune à la RATP et la SNCF qui a annoncé une forte hausse de son bénéfice net mercredi, grâce notamment à ses performances à l’international.
“Le Moyen-Orient est un eldorado pour les infrastructures et les systèmes de transport. Ce sont des pays où les transports publics sont encore peu développés, où il y a beaucoup d’argent pour les construire, et où les pouvoirs publics souhaitent se doter de réseaux en pointe, de classe mondiale”, ajoute Bertrand Mouly-Aigrot, spécialiste des transports et associé chez Archery Strategy Consulting.
Dans ces villes construites sur le sable, pas facile de faire changer des habitudes bien ancrées, et renforcées par un tarif imbattable du pétrole: “il faut même parfois construire des trottoirs, pour pouvoir implanter des arrêts de bus”, s’amuse Bertrand Mouly-Aigrot.
Il ajoute que “l’évolution des comportements est très progressive, mais la congestion routière est un facteur majeur en faveur des transports publics, et il commence à y avoir une prise en compte d’enjeux environnementaux”. Ainsi, “l’équivalent de dix programmes du Grand Paris (sont) en construction dans la région”.
“Par exemple (en) Arabie Saoudite, il y a pas moins de deux lignes classiques (…) qui sont en construction, nord-sud, est-ouest, il y a une LGV (ligne grande vitesse) en construction et (…) une dizaine de métros qui sont en construction”, expliquait récemment le président de la SNCF Guillaume Pepy, interrogé par SNCF La Radio.
– Enormément d’appels d’offres –
Les groupes français “y sont historiquement peu présents, contrairement aux anglo-saxons. Mais ils sont devenus très actifs dans la région, où ils ont toute leur place car ce sont des champions mondiaux aux références prestigieuses ? ce que souhaitent les clients dans cette région, toujours à la recherche d’une +vitrine+ pour attirer les visiteurs et les investisseurs”, commente Bertrand Mouly-Aigrot.
“Aujourd’hui, il y a énormément d’appels d’offres, tant pour l’ingénierie que pour l’exploitation”, ajoute-t-il.
La RATP, via sa filiale RATP Dev, va ainsi construire et maintenir le futur réseau de bus de Ryad. Mais la capitale saoudienne construit également six lignes de métro, pour 22,5 milliards de dollars. Plus au sud, le sultanat d’Oman prépare son premier réseau ferroviaire, d’un coût de 15,5 milliards de dollars.
“Le marché (du Moyen-Orient et de l’Afrique) est évalué à environ 7,8 milliards d’euros par an. Nous voudrions en prendre une large part, 25-30% au minimum”, explique ainsi Gian Luca Erbacci, vice-président d’Alstom Transport dans la région.
Le fabricant a construit les tramways de Dubaï, au nez en forme de diamant, inaugurés en novembre 2014, et dont le réseau avait été conçu par Systra.
“Notre plus grande région en chiffre d’affaires est encore l’Europe. Mais la région Moyen-Orient-Afrique va devenir la (deuxième), elle sera de la même taille que la France d’ici trois ans, probablement dès l’année prochaine”, ajoute-t-il.
Keolis, filiale de transports urbains de la SNCF, a même ouvert un bureau à Abou Dhabi, pour être présent sur la trentaine de projets dans la région d’ici à 2020. Et sera “candidat pour exploiter trois, quatre, ou cinq des lignes de la ville de Ryad; mais derrière il y a Djeddah, derrière il y a Médine, derrière il y a La Mecque”, avait encore souligné Guillaume Pepy.