à San Pietro di Feletto, près de Conegliano, le 24 mars 2015 (Photo : Guiseppe Cacace) |
[27/03/2015 11:09:24] Vérone (Italie) (AFP) Le prosecco, vin pétillant italien, se vend bien et même de mieux en mieux à l’étranger, où son caractère léger et son prix séduisent au point de concurrencer désormais le champagne dans certains pays comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
Le prosecco est un “vin informel qui accompagne un moment de pause”, on le boit “en toute simplicité”, assure Giancarlo Vettorello, qui dirige l’association des producteurs de prosecco supérieur.
Trois appellations cohabitent dans le petit monde du prosecco, produit exclusivement dans le nord-est de l’Italie, à environ 70 km au nord de Venise: le supérieur, le DOC (équivalent de l’appellation d’origine contrôlée en France) et le prosecco d’Asolo.
Les vignes perchées sur les collines escarpées de Conigliano ou de Valdobbiadene ont produit l’an dernier quelque 380 millions de bouteilles, dont plus de 300 millions pour le seul prosecco DOC. Parmi ces dernières, 70% ont été vendues à l’étranger, un record, tout particulièrement aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, a indiqué à l’AFP le directeur général de l’association des producteurs de prosecco DOC, Luca Giavi.
Aux Etats-Unis, les ventes ont bondi de 34% l’an dernier, et de plus de 60% au Royaume-Uni, selon M. Giavi.
Il y a dix ans encore, le prosecco était vendu presque exclusivement en Italie. L’exportation concernait surtout l’Allemagne et la Suisse.
Mais depuis cinq ans les ventes décollent dans les pays anglo-saxons et, depuis un an ou deux, la Chine s’intéresse à son tour à ce vin italien.
– Croquants comme un fruit –
à San Pietro di Feletto, près de Conegliano, le 24 mars 2015 (Photo : Guiseppe Cacace) |
Les raisons de ce succès ? “Nos vins sont croquants comme un fruit à peine cueilli d’un arbre”, assure M. Vettorello.
Grossiste en vins basée en Ecosse, Angela Lynas estime plus prosaïquement qu’au Royaume-Uni, le succès du prosecco “tient à la crise économique, à son prix”. Une bouteille se vend entre 8 et 15 euros, soit environ trois fois moins cher qu’un champagne.
Le prosecco est aussi apprécié pour “sa douceur, il n’est pas aussi sec que le champagne, et entre des champagnes bas de gamme trop acides et le prosecco, c’est ce dernier qui est choisi”, dit cette jeune femme à l’AFP.
Dans les allées bondées de Vinitaly, grand rendez-vous annuel à Vérone (nord-est) des viticulteurs italiens, des acheteurs étrangers et des passionnés de vin, on croise aussi quelques Asiatiques venus faire leur marché.
“Les Chinois recherchent des vins faciles à boire, plutôt doux, sucrés, simples et pas trop chers”, explique une grossiste chinoise, ayant requis l’anonymat. La classe moyenne commence à apprécier le vin et les vins pétillants sont plus populaires en Chine que le champagne, réservé à l’élite, assure-t-elle à l’AFP.
à San Pietro di Feletto, près de Conegliano, le 24 mars 2015 (Photo : Giuseppe Cacace) |
Clinton Ang, de la société Corner Stone, plus gros importateur de vins pour le sud-est asiatique, s’était fixé comme objectif de dénicher à Vinitaly “un prosecco qui réponde à des caractéristiques précises”. “Non seulement nous l’avons trouvé, mais en plus nous avons décidé de lancer une +joint venture+ avec la cave qui le produit !”, a-t-il expliqué, cité par Vinitaly.
Le prosecco est-il en train de détrôner le champagne dans le monde ?
Certainement pas, “il y a de la place pour tout le monde, le marché des bulles est en plein croissance”, assure Luca Giavi, qui juge absurde de comparer les deux vins.
“Pour boire du champagne, il faut être en smoking, le prosecco est plus décontracté”, veut croire M. Vettorello, le chef de file des producteurs de prosecco supérieur, même si le prosecco a aussi son grand cru, le Cartizze, produit sur seulement 107 hectares et vendu environ 20 euros la bouteille.
Pour assurer le succès du prosecco sur le long terme, il faudra veiller à la qualité: le cava espagnol, un temps très tendance, a vu ses ventes décliner en Grande-Bretagne, faute de satisfaire longtemps les palais britanniques, avertit la grossiste écossaise Angela Lynes.
Publicitaire et spécialiste du marché du vin en Grande-Bretagne, Delysia Grewal ne croit pas en “une mode passagère” pour le prosecco. “Je dirais que ça sera un produit de long terme” à l’international.
En 2015, les prix risquent de s’envoler car le vin va manquer: la vendange a été catastrophique l’an dernier, conséquence d’une mauvaise météo. “On risque de se retrouver avec des caves vides…”, se désole Sarah Serena, administratrice de Montelvini, qui produit du prosecco d’Asolo.