Crash A320 : Lufthansa semble plus victime que responsable

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érence de presse à Cologne, le 26 mars 2015 (Photo : Oliver Berg)

[27/03/2015 14:13:16] Berlin (AFP) Lufthansa, dont un avion s’est écrasé mardi, faisant 150 morts, semble avoir été victime de la dissimulation par le copilote de troubles psychiatriques, ce qui n’efface pas toutes les questions adressées au premier groupe aérien européen.

Le parquet de Düsseldorf (ouest) a confirmé vendredi une “maladie” d’Andreas Lubitz, le copilote du vol 4U 9525 qui s’est écrasé mardi dans les Alpes françaises, faisant 150 morts.

M. Lubitz, qui a dissimulé son état à son employeur, est soupçonné d’avoir volontairement précipité l’avion vers le sol.

M. Lubitz avait interrompu pendant quelques mois il y a six ans sa formation de pilote, selon le tabloïd Bild ,à cause d’une sévère dépression. Mais il a ensuite repassé avec succès tous les tests pour pouvoir reprendre sa formation et la mener à bien, a souligné dès jeudi le patron de Lufthansa, Carsten Spohr.

Les gens souffrant de dépression “savent bien qu'(avouer) une dépression hypothèque leur aptitude” à voler, relevait vendredi sur les ondes de la radio Deutschlandfunk Reiner Kemmler, psychologue spécialisé dans le suivi des pilotes, “mais cela peut se cacher”. “Si quelqu’un simule, ne veut pas que les autres le remarquent, c’est très, très dur” de repérer un tel cas, selon lui.

– Tests reconnus –

M. Spohr a évoqué jeudi une sélection de ses pilotes “qui laisse beaucoup de place à l’évaluation psychologique des candidats”, et des tests “mondialement reconnus”.

Lufthansa et ses filiales, tout comme l’Armée de l’air suisse, Turkish Airlines ou encore Luxair, sous-traitent à un institut spécialisé au sein du DLR, Centre allemand aérospatial basé à Cologne (ouest), la première évaluation des candidats à la carrière de pilote, préalable au début de la formation.

L’examen du DLR, qui teste entre autres des caractéristiques de personnalité comme la résistance au stress, “répond aux standards scientifiques et aux obligations légales”, a expliqué sur un post de blog le président de l’organisme, Jan Wörner.

Les règles européennes sur la délivrance des certificats de pilotes et leur renouvellement comportent des dispositions précises sur les troubles psychiatriques et psychologiques, mais précisent aussi que le candidat doit fournir “son histoire médicale complète”, ce que M. Lubitz n’a manifestement pas fait.

Le parquet de Düsseldorf a trouvé vendredi des preuves que M. Lubitz avait “dissimulé sa maladie à son employeur et son environnement professionnel”.

Une fois en poste, les pilotes sont soumis à un check-up médical régulier, mais plus à des tests psychologiques systématiques, avait indiqué M. Spohr.

Cependant, “il ne faut pas sous-estimer à quel point ils sont accompagnés” dans l’exercice de leur profession, s’est-il défendu jeudi soir à la télévision allemande. “Un filet très étroit” est tissé autour d’eux, a-t-il déclaré, citant notamment l’obligation pour les salariés de faire remonter toute “anomalie” qu’ils constatent chez leurs collègues.

– ‘Pas décelable’ –

Quelqu’un qui est dépressif depuis longtemps, “apprend à gérer ses sentiments négatifs et à les dissimuler à son environnement”, a expliqué à l’AFP Cindy Amon Amonsen, psychothérapeute à Berlin. Si le suicide “lui offre une solution pour mettre fin à son état, il peut même donner une image de calme et de contentement, qui n’est pas décelable dans des tests psychologiques”, souligne-t-elle.

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à Hambourg (Photo : Daniel Reinhardt)

Le patron de Lufthansa a insisté dans plusieurs médias sur “le cas particulier” que constitue l’événement, et a redit sa confiance dans les procédures de recrutement en vigueur et envers les pilotes du groupe, “les meilleurs du monde” selon lui.

Cela n’empêche pas la compagnie d’assumer sa responsabilité: elle a pris en charge les familles des victimes, avec dans certains cas d’ores et déjà une aide financière.

Comme les autres compagnies allemandes, Lufthansa va aussi à partir de maintenant imposer la présence en permanence de deux personnes dans le cockpit.

La société a aussi annoncé vendredi la nomination d’un “pilote en chef chargé de la sécurité” à l’échelle du groupe, qui viendra chapeauter les titulaires de cette fonction au sein des compagnies (Lufthansa, Germanwings, Swiss, Austrian Airlines). Il sera chargé d'”examiner et faire évoluer les procédures de sécurité”.