En Tunisie, nous avons un grand déficit d’exécution. Les idées ne manquent pas, mais nous n’arrivons pas à les concrétiser. L’administration ne peut pas faire et ne veut rien lâcher au secteur privé.
Certains estiment lorsqu’on aura cassé ce cercle vicieux, le pays ira mieux. La Tunisie a un déficit d’élite, car malgré la succession de 4 gouvernements depuis la révolution du 11 janvier 2011, ceci expliquant cela peut-être, la méthode n’a pas changé, ni les réflexes ni la stratégie, pas une coupure avec le passé, pas de mise en place d’une nouvelle stratégie, encore moins une nouvelle politique économique. On a la classe politique qu’on mérite, dit-on.
Le monde des affaires est plus que jamais pessimiste face aux nouveaux gouvernants, dont certains manquent de courage et capacité à réfléchir par eux-mêmes en dehors du cadre existant et ordre établi, incapables de prendre des risques pour servir l’intérêt du pays (et non pas l’intérêt de leurs partis politiques ou pire celui de leurs “sponsors/investisseurs“…).
Les tenants des instances de la pseudo-société civile en face (inutile de les citer) se définissent par rapport à leurs intérêts personnels -souvent limités- et leurs égos hyper gonflés (à vide), sans aucune vision critique ni honte de n’avoir rien fait pour le secteur depuis des lustres.
Les séminaires de Tabarka et de Korba, dans un pays où le «moutontisme» est sport national, n’ont servi qu’à pondre du PPTx -ce type de séminaire ou LAMMA n’est autre qu’une thérapie de groupe (pour ne pas dire autre chose).
D’autre part, pour revenir aux propositions du secteur TIC, il y a une idée très simple et concrète qui va dans le même sens si la volonté se manifeste nous pouvons commencer sans nouveaux budgets.
Il s’agit tout simplement d’exploiter les budgets déjà votés et de faire en sorte que 100% de ces budgets soient efficacement consommés dans l’année pour servir l’intérêt de l’Etat.
Engager un programme pilote triennal comme :
a) regrouper les besoins IT (déjà inscrits dans les budgets) de 60 établissements publics pour constituer de projets de grande envergure;
b) confier la gestion et la maîtrise d’ouvrage de ces projets à 10 cabinets conseils avec obligation de résultat (qualité, délais et vision globale, cohérente et coordonnée… de l’IT de ces entreprises);
c) confier la mise en œuvre à 30 SSII locales sélectionnées sur la base de leur engagement à appliquer l’Etat de l’art et à capitaliser sur le savoir-faire.
Ces grands programmes devront cibler des problématiques récurrentes au sein de l’administration et viser la mise en œuvre de solutions standardisées et mutualisées diffusables en modèle du logiciel libre avec support et TMA ….
L’objectif, c’est de susciter l’émergence de champions nationaux: ce n’est qu’à partir d’une certaine taille critique que les opérateurs tunisiens pourront affronter la concurrence internationale et développer le potentiel des services à l’export. L’effet de levier sur l’écosystème tunisien du logiciel et les effets d’entraînement sur la capacité d’export des entreprises participantes, pourraient être considérables.
Le Projet Tunisie digitale 2018 est très ambitieux, mais semble dans sa version actuelle irréalisable, car depuis son lancement en 2013 aucun projet n’a vu le jour et même sur le budget 2015, aucune action ou projet n’a été budgétisé. On reste encore dans le discours, l’intention et faiblement dans la réalisation.
Il serait donc plus logique de mettre en place un programme sur 5 ou 7 ans avec un financement lourd et seulement 3 ou 4 objectifs clairs au lieu d’une vingtaine comme dans “Tunisie digitale 2018”.
D’ailleurs, en parcourant la synthèse du Séminaire MINCOM TIC Tabarka 2013 ou Séminaire de Travail « Korba 2014 », presque un an et demi après le démarrage de l’initiative, on se rend vite compte qu’il n’y pratiquement pas eu de changement. En fait, il n’y a même pas de site Tunisie digitale 2018…
Il suffit de jeter un coup d’œil sur le Web du programme “Tunisie digitale 2018”? Sur le site du ministère www.infocom, Google donne une seule réponse, les autres références à 2018 soit “Digital Tunisia 2018” ou “Tunisia Digital 2018” et sont au nombre de 41.
De ce point, on aurait dû, tout simplement, copier le programme français: Horizon 2020, c’était plus simple et plus logique!
Un petit détail qui veut tout dire: allez sur le portail www.tunisia.gov.tn, vous constaterez que chaque ministère utilise un format propre à lui pour son nom de domaine:
http://www.affaires-religieuses.tn
De quoi rendre les opérateurs privés TIC en Tunisie très sceptiques. …