és Picard vont être bientôt repris par le boulanger industriel zurichois Aryzta (Photo : Joel Saget) |
[31/03/2015 15:11:09] Paris (AFP) Le boulanger industriel zurichois Aryzta est en passe de racheter 49% des surgelés Picard, après être entré en négociations exclusives avec son propriétaire Lion Capital, avec un droit pour en acquérir la totalité d’ici trois à cinq ans.
Dans un communiqué mardi, Aryzta évalue l’investissement à 446,6 millions d’euros, auxquels il faudra ajouter d’importantes reprises de dettes de cette entreprise valorisée à 2,25 milliards d’euros. L’opération était soumise au feu vert des autorités de la concurrence.
Aryzta aura un droit d’option durant 3 à 5 ans pour acquérir 100% du capital de Picard. Le groupe suisse disposera de 2 sièges au conseil d’administration de Picard.
Lion Capital, qui avait racheté l’enseigne préférée des Français en 2010 pour 1,5 milliard d’euros, était vendeur de cet actif, selon une source proche du dossier interrogée en novembre dernier.
“Les fonds d’investissement sont sur des opérations qui en général s’étalent sur entre 3 et 5 ans. Lion Capital est chez Picard depuis quatre ans, il est donc normal qu’il commence à regarder comment ils pourront un jour en sortir”, avait indiqué cette source.
L’acquisition par Arytza sera financée avec les revenus issus de la cession de plus de la moitié de sa participation dans sa filiale irlandaise Origin, dédiée aux fourrages et aux engrais.
Ce rapprochement Arytza-Picard “peut être une bonne complémentarité”, souligne un proche du dossier joint par l’AFP.
Arytza propose essentiellement des produits de boulangerie/pâtisserie surgelés et ne vend qu’aux professionnels, mais le groupe dispose d’une solide implantation à l’international, dans toute l’Europe, mais aussi en Amérique du Nord.
– soutien à l’international –
Arytza “pourra être un vrai soutien à l’international” pour Picard, actif dans la vente de produits surgelés (plats préparés et produits bruts) aux consommateurs, ajoute cette source.
Cette vente à un professionnel pourrait aussi signifier la fin des reventes successives entre fonds.
En novembre, un syndicaliste soulignait avoir connu “quatre reprises” en quatorze ans.
L’annonce de négociations avec le groupe suisse ont surpris les salariés. “Nous n’étions au courant de rien concernant cette demande de rachat. Mon collègue représentant au Comité d’entreprise va demander un CE extraordinaire pour savoir ce qui se passe”, a indiqué à l’AFP Véronique Petit, déléguée syndicale centrale de la CGT, troisième syndicat chez Picard.
“Depuis que Lion Capital nous possède, on est informés absolument de rien”, a-t-elle regretté, indiquant avoir découvert cette annonce dans la presse et se refusant à se prononcer à chaud.
Picard dispose de plus de 920 magasins en France et propose plus de 1.100 produits surgelés. Son président Philippe Pauze a annoncé en janvier sa volonté de se développer en franchise et plus seulement avec ses prores magasins, afin d’accroître sa part de marché qui est d’environ 18%.
A l’international, il est également présent en Italie (38), en Belgique (18), en Suède (7) et a annoncé à l’automne son arrivée au Japon par le biais du géant local de la distribution Aeon.
Pour l’exercice 2015, Picard table sur un chiffre d’affaires de 1,37 milliard d’euros et un résultat d’exploitation avant intérêts et impôts (EBIT) de 192 millions d’euros.
L’entreprise dont les origines remontent à la fondation en 1906 des Glacières de Fontainebleau, a adopté la raison sociale Etablissements Picard en 1962. Elle a appartenu à Carrefour entre 1994 et 2001.
Picard a été élu distributeur préféré des Français en 2014, devant Amazon et Yves Rocher, selon l’étude annuelle du cabinet de consultants OC&C, publié fin septembre.
La Bourse de Zurich a peu apprécié l’annonce, faisant chuter le titre Aryzta de 4,92% à la mi-journée à 61,9 francs suisses dans un marché en baisse de 0,49%.