ès du Salton sea (sud de la Californie) (Photo : Mark Ralston) |
[31/03/2015 17:01:35] Paris (AFP) A huit mois de la conférence sur le climat à Paris, la plupart des pays n’ont pas encore annoncé leur objectif de réduction de gaz à effet de serre pour après 2020 même si parmi les gros pollueurs, les Etats-Unis et l’Union européenne ont franchi cette étape clé.
Initialement, tous les pays “prêts à le faire” devaient présenter avant le 31 mars leurs “contributions nationales” à l’objectif mondial de limiter le réchauffement de la planète à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.
In extremis, les Etats-Unis, 2e plus gros émetteur, ont officiellement confirmé mardi leur engagement pris en novembre au côté de la Chine (le 1er pollueur), à savoir une baisse de 26 à 28% entre 2005 et 2025.
La date butoir du 31 mars visait essentiellement les pays les plus pollueurs et était une étape devant permettre de faire un bilan, après la conférence de Lima en décembre et avant le rendez-vous de Paris (30 novembre-11 décembre). Un accord multilatéral, en discussion depuis plusieurs années, est espéré dans la capitale française.
ONG, experts et certains pays espéraient il y a quelques mois que les annonces faites fin mars permettraient d’évaluer l’effort général et d’avoir de la visibilité sur le fossé à combler.
Or, de grands pays émetteurs de gaz à effet de serre – Chine, Inde, Australie, Japon, Russie, Brésil – n’ont pas dévoilé leur jeu.
“Ce décalage dans le calendrier est problématique”, estime Célia Gautier du collectif d’ONG Réseau action climat. “Plus les pays prennent du retard, moins ils seront incités à comparer leurs engagements avec d’autres et à les rehausser, y compris via un soutien international”, avance-t-elle.
“C’est un problème de précaution”, explique Laurence Tubiana, la négociatrice pour la France, “soit parce que les gouvernements ne se sont pas exercés à cet exercice de prospective, soit parce qu’ils sont prudents” sur ce que permettront les progrès technologiques dans quelques années. Mais “nous aurons beaucoup de contributions nationales en juin”, assure-t-elle.
– Pas en avant du Mexique –
Annoncer son objectif climatique revient notamment à prévoir la part de ses différentes sources énergétiques (fossiles, renouvelables, nucléaire) après 2020: une démarche complexe car elle doit prendre en compte les coûts des investissements, les besoins pour assurer le développement économique et la compétitivité, l’évolution des technologies.
Début mars, l’Union européenne (12% des émissions) a été la première à officiellement transmettre son plan au secrétariat général de la Convention climat des Nations unies.
Les 28 prévoient une baisse de 40% des GES en 2030 par rapport à 1990. Cet engagement repose sur deux objectifs: porter la part des énergies renouvelables à 27% et réaliser 27% d’économies d’énergie.
La Norvège a pris des engagements similaires à ceux de l’UE. La Suisse vise moins 50% de gaz à effet de serre à 2030.
Samedi, le Mexique a été le premier pays émergent à dévoiler ses objectifs, un pas salué par Washington et Paris: pic des émissions en 2026, réduction de 22% en 2030, révisable à la hausse en fonction du soutien international.
Au total, 32 des 195 pays membres de la Convention de l’Onu sur le climat ont officialisé leur engagement.
“S’il y a des progrès dans les propositions des gouvernements pour la période post-2020 (…), on est encore loin d’objectifs compatibles avec le 2°C”, a averti Bill Hare mardi dans un communiqué du centre de recherche Climate Analytics.
Selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), les émissions de gaz à effet de serre – qui ne cessent de croître – doivent être réduites de 40 à 70% d’ici 2050 pour espérer tenir le cap des 2°C. Au-delà de ce seuil, les climatologues prévoient des risques graves et irréversibles et une accélération des dérèglements climatiques.
Les annonces des gros émetteurs – Chine, Inde, Australie, Japon, Russie, Brésil – sont maintenant attendues d’ici juin, lorsqu’un nouveau round officiel de négociations intermédiaires aura lieu à Bonn (1-11 juin).
“Nous ferons de notre mieux pour soumettre notre contribution au cours du premier semestre”, a déclaré lundi à la presse un porte-parole chinois.
L’Australie, le plus gros pollueur par habitant et gros producteur de charbon, a indiqué avoir lancé une consultation nationale sur sa contribution et promet également une annonce pour mi-2015.