ée du siège de la compagnie suédoise à Stockholm, photographiée le 16 février 2015 (Photo : JONATHAN NACKSTRAND) |
[02/04/2015 11:56:32] Stockholm (AFP) Le suédois Spotify paraît de moins en moins seul sur le créneau de l’écoute de musique en ligne (“streaming”), après le lancement en grande pompe de Tidal par le rappeur Jay-Z et en attendant Apple.
Jay-Z est allé chasser directement sur les terres de son rival en achetant en février un concurrent suédois, Aspiro, pour 56 millions de dollars, afin de faire connaître une marque jusque-là confidentielle.
Signes distinctifs selon l’Américain: un son de haute qualité, et une entreprise contrôlée par des artistes au profit des artistes.
Malgré les critiques à peine voilées lors de la conférence de lancement lundi à New York de Tidal Hifi, venant de Madonna ou Alicia Keys, le vice-président de Spotify pour l’Europe Jonathan Forster a souligné qu’il accueillait favorablement cette initiative.
“J’apprécie le cri de ralliement pour dire que les artistes doivent être impliqués (…) Nous n’essayons véritablement pas d’exclure qui que ce soit”, a-t-il déclaré à l’AFP.
Spotify, numéro un de la musique en ligne, a eu des démêlés très médiatisés avec des artistes qui s’estiment lésés dans son expansion, les plus célèbres étant Thom Yorke (Radiohead) et Taylor Swift. Il répond qu’il reverse 70% de son chiffre d’affaires aux ayants droit.
Pour les analystes du secteur, le noeud du problème est dans les contrats que passent les artistes avec leur maison de disques. “Tous les services de streaming suivent les mêmes règles, édictées par les labels”, souligne Mark Mulligan, du cabinet de consultants en médias et musique Midia.
Tidal va devoir prouver à de nombreux sceptiques qu’il peut changer le modèle. Mais avant cela, il lui faudra trouver des auditeurs, au détriment d’un numéro un mondial qui compte 60 millions d’utilisateurs dans 58 pays, dont un quart payant.
En janvier, avant la prise de contrôle de-Jay Z, Tidal Hifi n’en avait qu’un peu plus d’un demi-million, dans 31 pays.
– Payant ou gratuit? –
çoit le trophée de la meilleure chanson rap aux 56e Grammy Awards à Los Angeles, California, le 26 Janvier 2014 (Photo : FREDERIC J. BROWN) |
Si le streaming fait beaucoup parler, étant vu comme l’une des réponses au déclin inéluctable du CD, il reste petit économiquement dans l’industrie musicale. Aux États-Unis, l’un a dépassé l’autre l’an dernier, avec 1,87 milliard de dollars de chiffre d’affaires, mais reste loin du téléchargement.
Le géant américain Apple revendique quelque 500 millions d’utilisateurs pour iTunes, sa plateforme de téléchargement. Après avoir acheté le service de streaming Beats pour 3,2 milliards de dollars, il fourbit ses armes.
“Le service d’Apple est celui dont j’aurais peur si j’étais Spotify. Au moins 50% des abonnés de Spotify se trouvent être des utilisateurs d’appareils iOS” (le système d’exploitation Apple), relève Mark Mulligan.
“Il y a une infinité de choses que peut faire Apple (…) parce qu’il contrôle l’appareil et le système d’exploitation et tout ce qu’il y a dessus. On pourrait d’un coup retrouver ce service musical sur l’écran d’accueil de son téléphone”, a-t-il prédit.
Selon un sondage réalisé par Midia, si Apple se lance dans le streaming, 62% des abonnés américain à un concurrent disent qu’ils se tourneraient probablement vers lui.
Spotify se bat aussi contre YouTube et ses vidéos musicales (certaines sous la marque Vevo), attrayantes pour le consommateur occasionnel.
“En tant que numéro un du marché il faut probablement s’inquiéter surtout de l’endroit sur lequel les gens écoutent de la musique sur internet”, estime Olle Aronsson, du site internet suédois d’informations sur les technologies Breakit. Or YouTube “appartient à Google, la plus grande entreprise d’internet”.
Dans le débat entre qualité payante, le modèle défendu par Tidal, et diffusion massive gratuite, financée par la pub, Spotify pense que le second a de sérieux atouts.
“On a toujours pensé que le gratuit était traditionnellement une part énorme de la musique, où que ce soit: dans l’histoire il y a eu la radio, et elle faisait acheter les vinyles et cassettes”, d’après Johathan Forster.
“On a l’impression aussi que c’est une question d’échelle. Si on a un milliard ou un demi-milliard d’utilisateurs c’est possible de commencer à bâtir une offre gratuite vraiment intéressante”, souligne-t-il. “Le marché mondial des gens qui aiment la musique, c’est presque tout un chacun sur Terre”.