Jusqu’ici très réservée bien que fortement impliquée dans le dossier de l’endettement des opérateurs touristiques, la Banque mondiale, représentée par Laurent Gonnet, son spécialiste du secteur financier pour la région MENA, est montée au créneau, lors de l’atelier sur le tourisme tunisien à l’horizon 2020 organisé par le Centre des jeunes dirigeants (CJD) de l’UTICA, pour défendre la création -d’une Asset Management Company, destinée à reprendre les unités dont les propriétaires seront incapables de rembourser leurs crédits.
Visiblement convaincue que l’avènement d’un gouvernement stable crée des conditions propices pour la mise en œuvre de cette solution radicale et nécessitant du «courage politique», la Banque mondiale appelle la Fédération tunisienne de l’hôtellerie à admettre que certains hôteliers ont eu par le passé un comportement inacceptable et doivent de ce fait être sanctionnés, notamment en les empêchant de bénéficier des futurs avantages qui seront accordés dans le cadre d’une recherche d’une solution au problème de l’endettement.
Présenté par Slim Tlatli, comme «un grand défenseur du tourisme convaincu que c’est un secteur prometteur», Laurent Gonnet a rappelé que c’est à la demande de Mustapha Kamel Nabli, alors gouverneur de la Banque centrale, que la Banque mondiale s’est penchée sur le dossier de la dette du secteur touristique pour procéder à un diagnostic et proposer une solution, celle de l’Asset Management Company (AMC).
Pour le responsable de la Banque mondiale, la création de ce véhicule constitue «la solution la plus radicale» et nécessite de ce fait «un certain courage politique».
D’après le planning initial, l’AMC devait être opérationnelle dès décembre 2014, après avoir été dotée d’un modèle économique, d’un cadre juridique et d’une gouvernance et s’être fait transférer les créances du secteur touristique.
Or, rien de tout cela n’a été fait. «On savait que des solutions complexes sont difficiles à mettre en œuvre sans un gouvernement stable», reconnaît Laurent Gonnet. Qui rappelle que durant la phase de transition, la Banque mondiale a continué à «aider les différents gouvernements. Mais en raison de la succession de plusieurs ministères des Finances et du Tourisme, il était difficile de dialoguer». Mais «maintenant, on a tourné la page».
Malgré le retard pris, la Banque mondiale reste attachée à la solution de l’AMC. «La solution de l’AMC est maintenue; on l’encourage parce que c’est le seul instrument de go between entre les hôteliers et le secteur bancaire qui se sont tournés le dos», explique Laurent Gonnet.
Mais pour que l’AMC puisse jouer son rôle, «il faut lui donner des pouvoirs importants que les tribunaux n’ont pas. Mais il ne faut pas effrayer les hôteliers qui devront être impliqués. Il faut un bon équilibre : de bons pouvoirs pour l’AMC et une certaine attractivité pour que les hôteliers ne fuient pas», recommande le représentant de la Banque mondiale.
Hôteliers qui, pour Laurent Gonnet, ne sont pas tous logés à la même enseigne. «La Fédération tunisienne de l’hôtellerie doit reconnaître que certains hôteliers ont un comportement inacceptable et qu’ils doivent être sanctionnés et ne pas pouvoir profiter des futures avantages».
A suivre….