Pour l’ancien ministre du Tourisme, tous les diagnostics effectués jusqu’ici de ce secteur étant «biaisés, et insuffisants», il faut en faire un «vrai» à travers le prisme des mutations du tourisme dans le monde.
Slim Tlatli en a gros sur la patate concernant le tourisme tunisien. L’ancien ministre du Tourisme n’a pas voulu se limiter au rôle de modérateur que les responsables du Centre des jeunes dirigeants (CJC) lui avaient taillé lors de l’atelier sur le tourisme tunisien à l’horizon 2020 qu’il a récemment organisé. Slim Tlatli s’est en fait comporté en empêcheur de … penser en rond. Pour dire ses vérités au secteur.
D’aucuns pensent, comme le rappelle l’ancien ministre, que le diagnostic du secteur touristique ayant été effectué à plusieurs reprises, on en connaît forcément les maux. Slim Tlatli s’insurge contre cette fausse évidence puisque, selon lui, «nos diagnostics sont biaisés, insuffisants». Et recommande, en conséquence, de faire aujourd’hui «le bon diagnostic». Et ce diagnostic doit se faire «à travers le prisme des mutations du secteur dans le monde. Car il y a eu des transformations importantes, une cassure par rapport aux modèles en vigueur».
Or, en Tunisie «on ne sait rien des évolutions et des attentes dans le monde», reproche l’ancien ministre. Et pour pallier cette lacune, il faut «assurer une veille».
Slim Tlatli s’insurge contre une autre –fausse- idée largement répondue parmi les hôteliers. Ceux-ci, rappellent-il, on tendance à expliquer les dysfonctionnements et les problèmes du tourisme par les crises qui nous sont venues de l’extérieur. L’ancien ministre pense que «ces crises cachent les vrais problèmes dont le secteur souffre depuis de nombreuses années. Des problèmes qui, souligne Slim Tlatli, «sont structurels».
Les quatre ingrédients de la relance du tourisme
Comment faire, alors, pour relancer l’industrie du tourisme? «Il n’y a pas de modèle» prêt à l’emploi, observe l’ancien ministre. Mais «on connaît les ingrédients de la réussite» et c’est avec et à partir d’eux qu’un modèle se construit, «s’évalue et se modifie».
Ces ingrédients de la réussite, Slim Tlatli en dénombre quatre. Le premier est l’existence d’une politique industrielle –c’est-à-dire d’une vision définissant produits, positionnement, etc.- «sur laquelle le modèle est bâti».
Le deuxième est la définition du rôle de l’Etat dans la mise en place de cette vision. Car «il n’y aura pas de relance du secteur si au préalable on n’a pas de vision précise de la sortie de crise».
Le troisième ingrédient ce sont «les facteurs capacitants», en l’occurrence la formation, le financement, les infrastructures, le type d’incitations, etc. -et qui, dans la situation actuelle de la Tunisie, constitue, selon Slim Tlatli, des «incapacitants».
Enfin, la gouvernance. Pour l’ancien ministre, elle ne concerne pas que le ministère du Tourisme et les structures qui en relèvent. Il faudra en plus revoir la gouvernance «des deux fédérations» -la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) et la Fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV)- mais également celle des entreprises. Car «rien ne se fera si la gouvernance demeure la même. Les causes reproduiront les mêmes effets».