D’après Mortadha Sarmadi, vice-ministre des Affaires étrangères iranien, en visite à Tunis, lundi 6 avril, deux facteurs ont rendu possible l’accord sur le nucléaire iranien conclu le 2 avril: d’abord que les pays occidentaux –et les Etats-Unis en particulier- «ont compris qu’ils ne peuvent pas empêcher l’Iran de concrétiser son programme nucléaire civile», et ensuite le fait que son pays se soit «attelé à débarrasser le programme nucléaire iranien de certains qui dérangent».
«Artificiel et compliqué». C’est ainsi que Mortadha Sarmadi, vice-ministre des Affaires étrangères iranien, décrit le dossier du nucléaire iranien qui, avec l’accord d’étape conclu jeudi 2 avril, a franchi un pas important vers une solution satisfaisante pour l’Iran et les pays –du groupe dit 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Allemagne)- avec lesquels il la négocie depuis douze ans.
La responsabilité de ce conflit, enfin en voie de règlement, n’incombe pas, d’après le responsable iranien, à son pays mais aux pays occidentaux qui n’ont pas respecté leurs promesses, faites «avant la révolution», c’est-à-dire du temps du Shah, d’aider l’Iran à mener à bien son programme nucléaire. Ce qui, explique M. Sarmadi, qui parlait lors d’une conférence de presse tenue lundi 6 avril à la résidence de l’ambassadeur d’Iran à Tunis, a contraint son pays à relancer ce programme «en comptant sur ses propres forces».
Faisant allusion à l’accusation adressée à l’Iran par les pays occidentaux de vouloir se doter de l’arme nucléaire, mais sans aller jusqu’à l’admettre, le vice-ministre des Affaires étrangères iranien observe que «cet alibi» a été instrumentalisé pour «exercer des pressions sur l’Iran et lui imposer des sanctions qui n’ont pas leur pareil dans l’histoire des Nations unies». Des sanctions internationales auxquelles, rappelle M. Sarmadi, «se sont ajoutées des sanctions bilatérales décidées par des pays qui savaient, ainsi que les experts qui ont visité l’Iran, que son programme nucléaire est civile».
Comment alors les négociations ont-elles fini par être ouvertes entre l’Iran et les pays occidentaux? En fait, d’après le n°2 de la diplomatie iranienne, les deux parties se sont mises autour d’une table lorsque les pays occidentaux –et les Etats-Unis en particulier- «ont compris qu’ils ne peuvent pas empêcher l’Iran de concrétiser son programme nucléaire civile».
Mais, le vice-ministre des Affaires étrangères iranien admet qu’un autre facteur a contribué à rendre l’ouverture des négociations possibles: le fait que «le gouvernement iranien s’est attelé à débarrasser le programme nucléaire iranien de certains qui dérangent». Un de ces aspects qui dérangent étant bien sûr la production d’uranium enrichi à 20% que l’Iran a finalement arrêté, rappelle M. Sarmadi.
Mais, assure le vice-ministre des Affaires étrangères iranien, les «contraintes» que l’Iran a acceptées «n’ont pas d’impact sur l’ensemble du programme nucléaire iranien, sur la vitesse de sa mise en œuvre qui doit permettre de satisfaire les besoins du pays», notamment en matière de production d’électricité.
L’accord conclu le 2 avril ne constitue toutefois qu’une étape dans un très long processus qui, si tout se passe bien au cours des trois prochains mois, aboutira à la conclusion d’un accord définitif avec le groupe 5+1 et par conséquent à la levée des sanctions économiques imposées à l’Iran depuis plus de trente ans.
En effet, rappelle M. Sarmadi, les négociations vont se poursuivre jusqu’au 30 juin 2015 et porter sur la finalisation des détails de l’accord du 2 avril. «Si nous arrivons à un accord, le Conseil de Sécurité des Nations unies adoptera une résolution pour lever les sanctions», explique M. Sarmadi.