En acquérant Dailymotion, Vivendi veut légitimer son recentrage dans les médias

0d17cf27d27ab34c9f0bcc5d747bbdb49d47ae2b.jpg
é; principal actionnaire de Vivendi, le 16 janvier 2015 à Ergue-Gaberic (Photo : Fred Tanneau)

[07/04/2015 18:19:06] Paris (AFP) Avec l’acquisition probable d’une majorité du capital de la plateforme internet de vidéos Dailymotion auprès d’Orange, Vivendi s’inscrit pleinement dans sa stratégie de recentrage sur les médias, décidée en 2013 par son principal actionnaire Vincent Bolloré.

L’annonce commune par les deux groupes mardi après la clôture de la Bourse qu’ils sont entrés “en négociations exclusives portant sur l’acquisition par Vivendi de 80% du capital de Dailymotion pour un montant de 217 millions d’euros”, était prévisible depuis l’officialisation de l’offre de Vivendi dans la matinée.

Cette proposition de rachat valorise Dailymotion à 265 millions d’euros. La société, qui emploie 222 personnes dans le monde, a dégagé un chiffre d’affaires 2014 de 64 millions d’euros.

“Pour Vivendi, l’acquisition de 80% du capital de Dailymotion constituerait une nouvelle étape majeure dans la construction d’un groupe industriel mondial, champion français des médias et des contenus”, note le communiqué.

Sous la conduite de son premier actionnaire et président du conseil de surveillance, Vincent Bolloré, le groupe est en effet en plein recentrage sur les médias, une stratégie qui l’a amené notamment à se désengager de SFR au profit de Numericable en mars 2014.

L’industriel breton salue d’ailleurs dans le communiqué “une formidable opportunité pour le groupe de faire rayonner ses contenus musicaux et audiovisuels d?exception dans le monde entier”.

7c485f1a53d91094e0806a6866ea002407068bf4.jpg
és de Dailymotion (Photo : S.Ramis/A.Bommenel)

“On a retenu très largement l’offre de Vivendi, qui nous a paru la meilleure à tous égards, d’abord pour Dailymotion et son développement futur, auquel nous sommes très attachés”, a confirmé sur RTL le patron d’Orange, Stéphane Richard.

Une approche menée en juin dernier par la seule société de télévision payante Canal+, filiale du groupe Vivendi, avait échoué.

Selon Rodolphe Belmer, directeur général de Canal+, le recentrage effectué depuis par Vivendi dans les divers contenus médias a été décisif cette fois pour convaincre Orange de la viabilité du projet.

– La musique décisive –

“Cela fait très longtemps que nous étions intéressés par Dailymotion, la seule plateforme accessible avec une présence mondiale très dense”, souligne-t-il.

Dailymotion, qui comptabilise 2,5 milliards de vidéos vues chaque mois, réalise plus de 80% de son chiffre d’affaires à l’international.

Vivendi s’est largement appuyé dans son offre visant Dailymotion sur le catalogue fourni par une autre de ses filiales, Universal Music.

“La musique est un véritable atout différenciant, qui représente une vidéo sur trois consommée, et grâce à nos artistes nous allons pouvons créer des synergies nouvelles”, a assuré le directeur développement et organisation de Vivendi, Stéphane Roussel.

Ce positionnement sur Dailymotion intervient alors que Vincent Bolloré est récemment monté à plusieurs reprises au capital de Vivendi, passant en deux mois de 5% à plus de 12%, pour éviter toute offensive de fonds activistes, qui remettent en cause sa politique de dividendes jugée trop peu généreuse.

Outre SFR, le groupe a en effet cédé Maroc Telecom, ainsi que la majorité de l’opérateur brésilien GVT et de l’éditeur de jeux vidéos Activision Blizzard, et se retrouve nanti d’un trésor de guerre bien garni de 15 milliards d’euros.

En prenant le contrôle de Dailymotion, Vincent Bolloré adresse donc également un signe susceptible de plaire aux investisseurs alors que l’assemblée générale du groupe aura lieu le 17 avril.

Il va désormais relever le défi de créer un acteur européen face au grand leader mondial YouTube, un projet qu’Orange n’a jamais paru en mesure de mettre en oeuvre, que ce soit par manque de volonté ou de moyens.

“YouTube c’est 60 fois Dailymotion. Il faut mettre les bouchées doubles, continuer à investir, aller chercher de nouveaux marchés, être en anticipation de nouveaux produits et services”, a d’ailleurs résumé Stéphane Richard, qui sera aux premières loges de ce nouveau développement en conservant 20% du capital.