Transports : Toyota veut réconcilier voiture et transports en commun

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à Tokyo le 7 avril 2015 une voiture i-road mise au point par Toyota (Photo : YOSHIKAZU TSUNO)

[08/04/2015 06:13:19] Toyota City (Japon) (AFP) Finis les “si j’avais su, je n’aurais pas pris la voiture!” Avec son service Ha:mo de prédiction de trajets et de véhicules en partage, Toyota promet que les usagers sauront avant de partir quels moyens de locomotion emprunter pour arriver à l’heure à bon port.

Né dans son fief de Toyota City, ce concept “Harmonious mobility network” est aussi testé à Grenoble, dans le sud-est de la France, depuis octobre, et sera partiellement expérimenté à Tokyo à partir de vendredi, à petite échelle, pour “évaluer la faisabilité d’une commercialisation” ultérieure dans la mégapole nippone.

L’idée est de prendre en charge le client de porte à porte en lui indiquant, via son smartphone, le meilleur itinéraire et la meilleure façon de l’effectuer en fonction d’une multitude de paramètres: horaires voulus de départ ou arrivée, état du trafic routier et des transports en commun, météo, travaux, rassemblements festifs, encombrement des parkings et tout autre critère susceptible d’interférer sur le parcours.

Seul un système informatique peut simultanément tenir compte de tout pour calculer le trajet idéal, et c’est en cela que Ha:mo se distingue et se justifie, selon Toyota.

In fine, l’objectif n’est pas de bannir la voiture personnelle, mais de l’employer lorsqu’elle est plus appropriée que tout autre moyen, en combinaison avec les autres modes de locomotion. But ultime: rendre le trajet le plus fluide possible, au gré de conditions changeantes.

– Sauver la planète, pas une priorité –

Cette multimodalité est illustrée par l’utilisation d’une même et unique carte à puce sans contact de type FeliCa (technologie de Sony), qui peut être intégrée dans le téléphone et sert tant à payer bus et trains qu’à activer un véhicule loué, remarque Hugues Chataing, consultant à Tokyo chez Jitex Consulting.

Quand le service français Autolib’ de location rapide de voitures électriques (groupe Bolloré) vient en remplacement des transports en commun pour un quart de ses usagers, Ha:mo se veut au contraire “un service complet de transport”, assure le chef du projet Toshiya Hayata.

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Une voiture i-road mise au point par Toyota circule dans les rues de Tokyo le 7 avril 2015 (Photo : YOSHIKAZU TSUNO)

Les vélos, voitures futuristes et ludiques à trois roues (i-Road) ou plus classiques (COMS) mis en partage ne sont qu’un maillon complémentaire de la chaîne, pour parcourir de faibles distances entre deux points non ou mal desservis autrement au moment voulu.

Initialement lancé auprès de 500 clients, Ha:mo en a conquis 4.000 depuis, et Toyota espère atteindre le nombre de 5.000 en septembre, synonyme de rentabilité.

“Ce sont principalement des hommes, âgés de 30 à 40 ans”, qui ont adopté ce système, par commodité plus que par souci de réduire les émissions de CO2.

“Les usagers ne modifient pas leur mode de transport pour des raisons environnementales, mais parce que c’est pratique, plus rapide et économique. Faire du bien à la planète, c’est la cerise sur le gâteau”, souligne M. Hayata.

“Nous en sommes encore à une étape expérimentale, mais nous aimerions en faire un vrai marché”, dit-il, fort de l’expérience du Japon où les infrastructures de transport sont certes denses et complexes mais où le vandalisme est quasi inexistant et la ponctualité exceptionnelle.

– Les constructeurs forcés de se réinventer –

A l’étranger, Toyota cible “l’Asie du sud-est, et des villes comme Bangkok ou Jakarta qui subissent pollution et congestion du trafic”, note Masayuki Kawamoto, en charge du projet “smart mobility” de la firme.

En Europe, autre terre visée, outre la communauté d’agglomération de Grenoble où Ha:mo a été rebaptisé Cité lib, plusieurs municipalités ont fait part de leur intérêt.

A moindre échelle mais dans le même état d’esprit que son rival, le groupe Nissan, pionnier de la voiture électrique, vient de lancer un nouveau programme d’autopartage dans un quartier de Yokohama (banlieue de Tokyo), où se trouve son siège.

Son PDG Carlos Ghosn lorgne depuis longtemps déjà sur ce marché en plein essor, même s’il reste persuadé que la voiture individuelle, “objet émotionnel”, a encore de beaux jours devant elle. Egalement patron du français Renault, il a ainsi noué en 2013 un partenariat avec le groupe Bolloré.

“Les constructeurs d’automobiles seront amenés à se transformer à l’avenir en fournisseurs de mobilité au sens large”, prédit Toyota.