La Moldavie a besoin plus que jamais d’une perspective européenne

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à Chisinau (Photo : Daniel Mihailescu)

[08/04/2015 08:49:53] Chisinau (AFP) Inquiète du conflit en Ukraine voisine, la Moldavie a besoin “aujourd’hui plus que jamais” d’une perspective claire d’adhésion à l’Union européenne, a déclaré sa ministre des Affaires étrangères, Natalia Gherman, dans une interview à l’AFP.

“Offrir une perspective européenne à la Moldavie est aujourd’hui plus important que jamais, dans le contexte d’une situation régionale tendue, qui pose de nombreux défis”, a indiqué Mme Gherman qui est membre du Parti démocrate-libéral (PDLM, pro-européen).

A moins de deux mois du sommet du Partenariat oriental de Riga, Chisinau insiste pour que les “portes de l’UE restent ouvertes” pour ceux des six partenaires (Ukraine, Moldavie, Belarus, Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan) qui rempliront les conditions d’adhésion.

“Nous espérons que cette approche visionnaire sera reflétée dans les documents du sommet”, a souligné la ministre, alors qu’il n’existe pas actuellement de consensus sur cette question.

Cette ancienne république soviétique de 3,5 millions d’habitants majoritairement roumanophones doit encore parcourir un long chemin avant de pouvoir prétendre à rejoindre l’UE. Bruxelles a récemment loué les avancées enregistrées en 2014 mais souligné que des efforts importants restent à faire en ce qui concerne notamment la réforme de la justice et la lutte contre la corruption.

Les trois partis pro-européens au pouvoir jusqu’en novembre ont échoué à renouveler leur alliance suite aux élections de décembre et la Moldavie est actuellement dirigée par un fragile gouvernement minoritaire formé des partis démocrate et démocrate-libéral, soutenus par les communistes.

Les Occidentaux doutent de la capacité du gouvernement à maintenir le cap de l’intégration, les communistes ne cachant pas leur anti-européanisme.

La date à laquelle la Moldavie compte déposer sa demande d’adhésion reste donc encore floue, alors que le mois de mai avait été évoqué par le passé.

“Il faut atteindre une masse critique positive dans la mise en place des réformes avant de pouvoir transmettre la demande d’adhésion (…), en coordination avec nos partenaires européens”, reconnaît Mme Gherman.

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à Chisinau (Photo : Daniel Mihailescu)

Pour ce pays le plus pauvre d’Europe coincé entre l’Ukraine et la Roumanie, une entrée dans l’UE représenterait selon elle l’antidote contre les velléités séparatistes de la république auto-proclamée de Transdniestrie (bande de terre de 500.000 habitants russophones dans l’est du pays) et de Gagaouzie (région du sud peuplée de russophones et de turcophones).

“L’intégration européenne est la meilleure voie vers la réunification du pays car les bénéfices en sont ressentis par tous (…), elle vaut mieux que toute stratégie abstraite” contre le séparatisme, souligne Mme Gherman.

Elle cite à l’appui l’impact positif du rapprochement croissant avec l’UE et notamment de l’accord d’association signé par Chisinau en juin, qui ont commencé à faire fondre l’hostilité envers l’Europe et la nostalgie de l’URSS, très présentes surtout en Transdniestrie.

“Quelque 75.000 habitants de Transdniestrie ont reçu un passeport moldave”, ce qui leur a permis de voyager sans visa dans l’UE, tandis que 30% des exportations de cette région jadis tournée uniquement vers la Russie vont désormais vers le marché unique, s’est félicitée la ministre.