érêt de 1,50%. En conséquence, le taux de rendement est de -0,055% (Photo : Fabrice Coffrini) |
[08/04/2015 15:52:14] Genève (AFP) La Suisse a émis mercredi son premier emprunt sur 10 ans à rendement négatif, les emprunteurs ayant accepté de payer pour avoir la possibilité d’investir en francs suisses, en contrepartie de la sécurité d’un placement dans un pays réputé sûr.
C’est “une première en Suisse, c’est la première fois qu’il y a des taux négatifs pour des emprunts sur une durée aussi longue, je pense que c’est sans doute aussi une première mondiale”, a déclaré à l’AFP Yann Boislard, responsable du trading obligataire à la Banque cantonale vaudoise, une banque suisse.
Selon Patrick Jacq, un spécialiste du marché obligataire chez BNP Paribas, à “l’échelle mondiale, c’est difficile d’avoir des taux plus bas qu’en Suisse. Aux Etats-Unis, je ne pense pas que ce soit arrivé, à moins qu’on remonte à la Grande Dépression, et encore”.
Concrètement, la Suisse a émis mercredi un emprunt de 232,5 millions de francs suisses (222,8 millions d’euros), à un prix de 116% et assorti d’un taux d’intérêt de 1,50%. En conséquence, le taux de rendement est de -0,055%.
La Suisse émet depuis 2011 des titres obligataires à rendement négatif, mais il s’agissait jusqu’à présent que des titres sur une courte durée.
L’emprunt lancé mercredi a été sur-souscrit deux fois. Les banques ont ainsi présenté des demandes de souscription de 410,5 millions CHF, alors que seuls 232,5 millions ont été alloués.
Interrogé sur les raisons qui ont poussé les banques à vouloir investir dans un produit qui leur coûte en définitive de l’argent, un porte-parole du Département fédéral des finances à Berne a répondu que c’était peut-être “le prix à payer pour la sécurité”.
Le franc suisse et la Confédération helvétique sont considérés comme des valeurs refuges par excellence par les investisseurs, qui sont prêts à payer pour y placer des fonds.
Déjà en temps ordinaire, les taux payés pour les emprunts en Suisse sont beaucoup plus bas que dans les autres pays, un état de fait accepté par les investisseurs.
La Suisse fait partie des pays qui disposent d’une “très grande qualité de signature”, selon le jargon des experts, ce qui signifie qu’un investisseur est sûr de récupérer les fonds prêtés aux conditions annoncées.
Ce club des pays à grande solvabilité “compte de moins en moins de membres, et la demande pour ce type de produits est élevée”, a ajouté un expert suisse. Quand la demande est forte et l’offre faible, le prix à payer est le taux de rendement négatif.
Pour Yann Boislard, cet emprunt est ainsi “un signe de recherche de sécurité dans les placements, les investisseurs, à la recherche de placement sûrs, acceptent in fine, une somme inférieure à celle investie initialement”.
Normalement, l’investisseur veut récupérer ses fonds avec un intérêt à la fin de la durée du prêt. Dans le cas des taux négatifs, il récupère une somme inférieure à celle investie.
Le phénomène des taux négatifs sur les emprunts a déjà été constaté ailleurs en Europe, dans d’autres pays considérés comme “sûrs”, tels que l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark et la Finlande.
Il s’agissait cependant d’emprunts sur une durée plus courte, de 5 ans.
Ainsi, le 25 février dernier, l’Allemagne a effectué un emprunt sur cinq ans à un taux négatif pour la première fois de son histoire.
L’Allemagne a emprunté pour 3,28 milliards d’euros, en émettant des obligations à cinq ans (échéance avril 2020), à un taux de -0,08%.