à New Delhi le 6 avril 2015 (Photo : PRAKASH SINGH) |
[08/04/2015 21:10:58] New Delhi (AFP) Le Premier ministre indien Narendra Modi arrive en France jeudi pour son premier déplacement en Europe, avec l’objectif de promouvoir l’Inde comme base industrielle et en toile de fond l’avancée incertaine des négociations d’achat du Rafale.
Le dirigeant indien fera ensuite étape en Allemagne, première économie de la zone euro, pour inaugurer la plus grande foire industrielle du monde et y promouvoir également sa campagne en faveur du “Make in India”.
Le dirigeant nationaliste hindou, banni d’Europe après des émeutes antimusulmanes dans son Etat du Gujarat en 2002, devrait cette fois recevoir un accueil fastueux, fort des performances économiques de l’Inde qui affiche une croissance supérieure à la Chine.
Modi, largement élu il y a près d’un an sur la promesse de relancer l’investissement et l’emploi, mise sur sa capacité à imposer l’Inde comme plateforme de production et d’exportation.
“Je me réjouis de me rendre en France pour renforcer l’implication française dans notre programme +Make in India+, en particulier dans le secteur de la défense”, a écrit Modi sur son compte Facebook.
Le Premier ministre indien rencontrera vendredi des chefs d’entreprises et visitera samedi le site d’Airbus à Toulouse (sud).
Avec le “Make in India”, Modi a promis de faciliter la vie des entreprises en allégeant les contraintes bureaucratiques et en simplifiant la fiscalité.
Son gouvernement a ainsi porté à 49% la participation que les investisseurs étrangers peuvent détenir dans des sociétés du secteur de la défense, tout en voulant favoriser les transferts de technologie.
évrier 2015 (Photo : MANJUNATH KIRAN) |
L’Inde n’est cependant classée que 142e sur 189 pays au classement de la Banque mondiale sur la facilité de faire des affaires.
A Paris, le dossier le plus délicat sera certainement celui des négociations de vente de 126 Rafale à l’Inde, en cours depuis plus de trois ans, et qui figureront en bonne place de l’entretien entre Modi et François Hollande vendredi à l’Elysée.
“Nous aurons des discussions sur le sujet”, a confirmé le président Hollande mardi tout en prévenant qu’il ne voulait pas lier cette visite de Modi à la seule vente du Rafale.
La France tentera de débloquer ce contrat géant, qui prévoit la fabrication de 108 appareils sur le sol indien, soit un transfert de technologie inédit. Selon la presse indienne, les discussions butent sur le coût de l’appareil.
Selon le Times of India, l’Inde a demandé à Dassault Aviation de s’en tenir au prix initial. Son patron, Eric Trappier, assurait récemment qu'”en euros, l’offre de Dassault est restée la même” et que l’accord était “finalisé à 95%”.
Mais des élements comme l’inflation ou le coût de la chaine d’assemblage en Inde sous la houlette du groupe public Hindustan Aeronautics limited (HAL) peuvent jouer sur le coût total pour la partie indienne.
– Nucléaire et smart cities –
Le nucléaire devrait également figurer au coeur des discussions, avec l’espoir côté français de progresser sur la vente de six réacteurs nucléaires EPR à l’Inde, représentant une capacité 10.000 mégawatts.
Areva a signé un protocole d’accord en février 2009 portant sur la fourniture de deux EPR dans un premier temps sur le site de Jaitapur, dans l?Etat de Maharashtra (ouest) mais les discussions achopperaient, selon la presse, sur le tarif auquel l’Inde achèterait l’électricité produite.
“C’est un gros projet qui porte sur six réacteurs mais qui ne peut être lié à une visite particulière”, a prévenu l’ambassadeur de France en Inde, François Richier.
La France devrait également promouvoir ses entreprises spécialisées dans l’énergie solaire tout comme le savoir-faire français en matière de développement urbain.
Les groupes français espèrent profiter du projet du gouvernement indien de développer 100 “smart cities” (villes intelligentes) dotée d’infrastructures de transport, d’électricité et d’eau performantes.
Modi ira ensuite promouvoir le “Make in India” dimanche et lundi en Allemagne où il inaugurera la Foire de Hanovre (Hannover Messe), plus grand salon industriel du monde, et s’entretiendra avec la chancelière Angela Merkel.
L’Allemagne est, au sein de l’Union européenne, le premier partenaire commercial de l’Inde.
Avec ce déplacement à caractère économique en Europe, Modi met l’accent sur la priorité donnée au redémarrage de l’économie indienne, qui devrait croître de 8% cette année.
“Le principal objectif pour Modi est d’améliorer sa base industrielle et de donner une impulsion à la croissance”, relève Sujit Dutta, professeur de stratégie internationale à l’université Jamia Milia Islamia de Delhi.
Les échanges entre l’Inde et l’Union européenne sont passés de 28,6 milliards en 2003 à 72,7 milliards en 2013.
Après l’Allemagne, Modi ira au Canada qui abrite une importante dispora indienne.