Nous fêtons comme tous les ans la fête des Martyrs ce 9 avril 2015, en souvenir des centaines de nos compatriotes désarmés, morts par balles de la Gendarmerie et de l’armée françaises, un certain 9 avril 1938 à Bab Bnet, juste en face du Palais de justice.
Ces Tunisiens-là sont morts pour la patrie, annonçant du coup la nouvelle stratégie du parti Néo Destour dans la lutte pour l’indépendance nationale.
Bourguiba avait, selon ce que rapporte feu le Dr Mahmoud Materi, le président du parti à ce moment là dans ses mémoires, sciemment et stratégiquement cherché la bagarre avec les occupants afin de couper court au retour du vieux Destour qui commençait à se manifester après le retour de son leader Abdelaziz Thaalbi quelques mois avant les événements.
L’Histoire a donné raison à Bourguiba, et Materi avait démissionné du parti. Mais la lutte nationale contre les colonisateurs allait partir en s’intensifiant…
Les manifestants du 7, 8 et 9 avril 1938 demandaient un «Parlement tunisien» et «un gouvernement national»! Ils sont morts par les balles du colonisateur.
Nous sommes en 2015 et nous avons un Parlement tunisien et un gouvernement national, grâce au sang des martyrs du 9 avril et au sang et aux souffrances de milliers d’autres Tunisiens morts pour la Tunisie.
Les derniers en date sont nos soldats morts dans l’après-midi du mardi 7 avril 2015 dans les montagnes de Kasserine. Mais ils sont morts par les balles d’une horde de Tunisiens qui nous disputent notre choix de société et qui imaginent que nous sommes tous de mécréants, occidentalisés, bons à remettre dans l’ordre de marche de leur idéologie wahhabite moyenâgeuse!
Nous fêtons les martyrs de la Tunisie et nous nous inspirons de leur foi et de leur amour pour le pays en ces moments difficiles pour nous accrocher encore plus à ce que nous avons réalisé depuis des dizaines d’années. Alors si le prix à payer pour sauvegarder nos libertés et notre choix de vie est la confrontation sanglante avec les zombies de DAECH et autres AQMI, nous ne reculerons pas, car nous ne sommes pas meilleurs que nos aïeuls et nos concitoyens qui sont morts…