La Grèce honore son paiement d’avril au FMI, mais grand flou sur la suite

a0e53225eb1b1ab57a57a7c11de13ab73843b9e5.jpg
ésident Vladimir Poutine (droite) et le Premier ministre Alexis Tsipras à Moscou le 8 avril 2015 (Photo : ALEXANDER ZEMLIANICHENKO)

[09/04/2015 05:27:57] Athènes (AFP) Après plusieurs jours de suspense, la Grèce s’apprête jeudi à honorer son versement d’avril au FMI, mais l’incertitude règne toujours sur sa capacité à payer ses dettes à partir du mois prochain, faute d’accord avec ses créanciers.

Pendant ce temps, le Premier ministre Alexis Tsipras poursuit à Moscou une offensive de charme scrutée de près par l’UE.

L’ordre de payer les 459 millions d’euros de l’échéance d’avril au Fonds monétaire international était déjà parvenu à la Banque de Grèce mercredi, a indiqué à l’AFP une source au fait de cette transaction, assurant qu’il est “impossible que la Grèce ne serve pas toute sa dette ce mois-ci”.

Cela comprend aussi un peu moins de 400 millions d’euros de paiements d’intérêts, et le renouvellement de 2,4 milliards d’euros de bons du Trésor à six et trois mois arrivant à échéance les 14 et 17 avril.

Déjà mercredi, l’Agence grecque de la dette (PDMA) a réussi à renouveler 1,14 milliard d’euros de bons à six mois, majoritairement auprès de banques et d’investisseurs grecs.

123f4d6b1cac28df45a5b1459d2ef808174e53ec.jpg
èce (Photo : jfs/dmk/slr)

M. Tsipras lui-même avait contribué largement à entretenir la peur d’un possible défaut de paiement imminent, dans une lettre en forme de cri d’alarme envoyée le 15 mars à la chancelière allemande Angela Merkel.

Le ministre des Finances Yanis Varoufakis a dû se rendre en personne à Washington dimanche pour rassurer la directrice générale du FMI Christine Lagarde.

La Grèce, dont les ressources se sont taries encore depuis l’arrivée au pouvoir fin janvier du gouvernement de gauche radicale Syriza, attend depuis août un versement de 7,2 milliards d’euros.

Il s’agit de la dernière tranche d’aide européenne, dans le cadre des plans UE-FMI d’un montant total de 240 milliards d’euros lancés en 2010, en échange de réformes drastiques du pays.

Or en mai, elle doit rembourser 760 millions d’euros au FMI, 320 millions d’euros d’intérêts et renouveler 2,8 milliards d’euros de bons du Trésor. En aura-t-elle la capacité, cette fois? “Qui sait… on verra”, avance prudemment la même source, reconnaissant “qu’il faudrait résoudre le problème avant la fin du mois”.

– ‘A pas de bébé’ –

Dans ce contexte, M. Tsipras poursuit jeudi sa visite à Moscou, au risque de “s’aliéner” les partenaires européens, a prévenu samedi le président du Parlement européen Martin Schulz.

Revendiquant son droit à mener la politique étrangère de son choix, malgré le froid entre l’UE et la Russie sur la question ukrainienne, M. Tsipras devait notamment rencontrer le Premier ministre Dmitri Medvedev après le président Vladimir Poutine mercredi.

Il n’a pas demandé d’aide financière directe à Moscou, mais les deux pays vont renforcer leur coopération économique.

La Grèce, allégeant au passage sa facture énergétique, pourrait participer au projet de gazoduc Turkish Stream entre la Russie et la Turquie, vu comme la possible base de livraisons de gaz russe vers le sud de l’Europe.

Par ailleurs, même si la Russie ne peut faire d’exception pour la Grèce dans l’embargo qu’elle a décidé sur les produits agricoles de l’UE, les deux capitales ont évoqué, selon Athènes, un possible contournement du problème par la création de coentreprises agricoles gréco-russes.

A Bruxelles, les experts techniques de la zone euro ont tenu mercredi une réunion de travail sur la Grèce, qui devait se poursuivre jeudi. Il s’agit toujours de mettre au goût européen le projet de réformes en 26 pages soumis par les Grecs fin mars.

Les discussions n’avancent “qu’à petits pas”, voire “à pas de bébé”, déplorait mercredi une source européenne à Bruxelles, sans exclure pourtant le déboursement d’au moins une partie de l’aide à l’Eurogroupe de Riga le 24 avril.

La marge de M. Tsipras paraît serrée, entre créanciers et opinion publique grecque: jeudi, une manifestation est prévue à Athènes contre le versement au FMI, à l’appel du syndicat de fonctionnaires Adedy, et du mouvement “Effacer la dette maintenant”. Celui-ci, créé début mars, accuse le gouvernement de ne pas être assez ferme face aux créanciers.