«Le Maroc est devenu leader dans la banque; nous le sommes dans le capital-investissement et nous voulons le rester. Mais pour cela il faudrait que les autorités nous aident».
Quatre ans après une avancée importante mais insuffisante acquise sous le règne de Jalloul Ayed, ministre des Finances dans le gouvernement Béji Caïd Essebsi, les investisseurs en capital reviennent à la charge pour, comme l’exprime clairement au nom de ses confrères, Zied Oueslati, associé à Africinvest et vice-président de l’Association tunisienne des investisseurs en capital (ATIC), inciter les autorités à reprendre le train des réformes afin de doter cette profession d’un cadre réglementaire «plus propice» à son développement, selon le mot de Karim Ghenim, président de l’ATIC.
Pour ce faire, l’ATIC organise, jeudi 23 avril, la première édition de sa «Conférence annuelle du capital investissement» -dont le thème sera «le capital-investissement accélérateur de croissance de l’économie tunisienne»- et qui a pour finalité, précise Karim Ghenim, d’élaborer «une feuille de route pour la proposer au gouvernement». Celle-ci devrait sortir du «dialogue constructif» que les investisseurs en capital veulent établir à cette occasion avec les différentes parties prenantes.
Les investisseurs en capital demandent aux autorités d’œuvrer –ensemble, insistent ces derniers qui en ont assez de ne pas être associés à la réflexion sur les mesures à prendre- à relever trois défis énumérés par le président de l’ATIC lors d’une conférence de presse tenue lundi 13 avril 2015, en prélude à la conférence du 23 du même mois.
Le premier, comme déjà énoncé, consister à élaborer un nouveau cadre réglementaire, en l’occurrence «une loi simple que tout le monde comprend» et qui doit concerner à la fois «l’onshore sur lequel nous travaillons et l’offshore, objet d’une loi adoptée en 2009 mais dont les décrets d’application n’ont pas été promulgués à ce jour; ce qui veut dire qu’elle est devenue complètement désuète».
Le deuxième défi a trait à l’esprit entrepreneurial qu’il faut développer. «La base de notre métier est la sélectivité, car comme nous ne prenons pas de garanties, l’entrepreneur constitue notre garantie», explique Karim Ghenim.
Enfin, troisième défi, il faut, souligne le président-directeur général de BIAT Capital, «mettre en place un écosystème favorisant le développement et le financement de l’innovation. C’est le préalable à notre intervention».
Ces réformes en faveur des investisseurs en capital sont d’autant plus nécessaires que le pays ne peut plus espérer trouver auprès des banques –«confrontés à un grand problème de liquidités», affirme Zied Oueslati- le supplément de capitaux dont il a besoin pour accélérer sa croissance économique et augmenter le nombre d’emplois créés.
Or, des capitaux, le secteur du capital investissement en a qui cherchent encore des opportunités d’investissement. Si le président de l’ATIC estime le stock de capital en attente à 250 millions de dinars, Zied Oueslati pense quant à lui qu’il est «trois fois plus important, car il y a des sociétés offshore qui veulent investir» mais qui pour l’instant ne sont pas encouragées à le faire. Et tant elles que les sociétés onshore peuvent faire beaucoup plus, notamment dans les régions de développement prioritaire. «On peut faire davantage dans ce domaine», insiste Salma Bellagha. Mais pour cela il faudrait que «l’Etat nous aide notamment en améliorant les infrastructures», recommande la directrice générale d’Alternative Capital Partners (ACP).