Face à des investisseurs qui en ont ras-le-bol des lourdeurs bureaucratiques, le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Yassine Brahim, a admis, mardi 14 avril, admis, lors du déjeuner débat de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie, que «l’administration s’est effectivement alourdie».
Expliquant cette lourdeur par «le nivellement par le bas qui s’est opéré au cours des dernières années», Yassine Brahim s’est déclaré en même temps «impressionné par la qualité de l’élite de l’administration et par l’écart en matière de rémunération avec le privé».
Invité mardi 14 avril 2015 d’un déjeuner débat sur le thème «quelle stratégie de relance de l’investissement et d’amélioration de l’environnement des affaires en Tunisie?», Yassine Brahim a dévoilé les grandes lignes de son action. Le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale a en particulier proclamé, haut et fort, qu’il entendait faire de son département «le ministère de la Défense des investisseurs». Investisseurs qui ont donné de la voix à cette occasion.
Chefs d’entreprise tunisiens et français ont rivalisé d’exemples des difficultés auxquelles ils sont confrontés au quotidien dans leur travail. Et dans ce domaine, l’administration en a pris pour son grade.
Ainsi, Matthieu Langeron, directeur général de Total Tunisie, s’est plaint qu’il faille «un an pour obtenir un permis de bâtir d’une station de services», alors que «le budget alloué est perdu s’il n’est pas consommé dans l’année».
Claude Miguet, directeur général de CMR Tunisie (ex-SOCOMENA), affirme quant à lui que «le poids de l’administration est devenu insupportable et que tout devient source de problème». L’un des problèmes auxquels il est confronté réside dans le fait qu’il n’arrive pas à faire reconnaître –par l’administration- que la réparation des navires de la CTN c’est de l’export et «une activité locale».
A ces récriminations, Yassine Brahim admet que «l’administration s’est effectivement alourdie», mais déclare en même temps «être impressionné par la qualité de l’élite de l’administration et par l’écart en matière de rémunération avec le privé».
Le ministre du Développement et de l’Investissement impute également la lourdeur de l’administration «au nivellement par le bas» que celle-ci a connu au cours des dernières années. «Dans mon ministère, qui est un peu le think tank du gouvernement, nous avons autant de cadres que d’ouvriers» parce qu’après le 14 janvier 2011, on a multiplié les recrutements dans les catégories subalternes, notamment de gens ayant bénéficié de l’amnistie générale.
D’ailleurs, souligne le ministre, si «certains projets annoncés en 2011 n’ont pas démarré à ce jour c’est parce qu’on a négligé les soft skills. On n’a pas recruté de gens capables d’évaluer un projet puis d’en assurer le suivi».
De même, alors que les problèmes fonciers sont à l’origine de 70% des retards enregistrés dans la réalisation des projets, le pays n’a que 28 experts dans ce domaine, note Yassine Brahim.
Donc, dans l’immédiat la priorité du gouvernement sera non pas de réformer mais de parer au plus pressé en prenant les mesures urgentes et nécessaires au déblocage de cette situation. Après seulement viendra le temps des réformes.