éclament un salaire minimum de 15 dollars à New York le 15 avril 2015 (Photo : DON EMMERT) |
[16/04/2015 06:36:57] New York (AFP) Des milliers de personnes ont manifesté mercredi à New York pour réclamer un salaire minimum de 15 dollars de l’heure, affirmant qu’avec moins que cela il était impossible de vivre décemment dans la plus grande ville américaine.
Des grèves et des manifestations similaires ont eu lieu dans de plus de 230 villes américaines, selon les organisateurs, qui attendaient “la plus large mobilisation jamais (enregistrée) de travailleurs sous-payés”. Ils ont estimé qu’entre 10.000 et 15.000 personnes ont participé à la manifestation new-yorkaise.
Parmi les protestataires, des employés de fast-foods, mais aussi des employés d’aéroport, des personnels de santé, d’autres travaillant avec des enfants, des ouvriers du bâtiment venus par solidarité, et qui dénonçaient parfois leurs conditions de travail sur certains chantiers d’immeubles construits pour les ultra-riches.
“Battez-vous pour 15 dollars” pouvait-on lire sur des pancartes. “Fatigué de travailler pour enrichir encore les riches”, lisait-on sur une autre.
Le salaire minimum à New York est actuellement de 8,75 dollars de l’heure, et doit passer à 9 dollars l’an prochain.
Dans la foule, Pedro Gamboa, 58 ans, bagagiste à l’aéroport JFK, qui travaille 40 heures par semaine et se lève à 3 heures du matin. Il gagne 10,10 dollars de l’heure. “Ce n’est pas assez” dit-il. “Il faut être magicien pour survivre” avec ça. “Une fois que vous avez payé vos factures, vos poches sont vides”, ajoute ce père de famille né au Guatemala, qui dit survivre grâce aux bons alimentaires.
“15 dollars, ça serait un bon début”, ajoute-t-il, tout en mettant en avant le coût de la vie à New York.
Les premiers manifestants s’étaient réunis dès 6h00 du matin (10H00 GMT) devant un McDonald’s de Brooklyn.
heure (Photo : DON EMMERT) |
Plusieurs centaines de personnes se sont ensuite retrouvées à la mi-journée à Manhattan, s’allongeant à l’extérieur d’un autre McDonald’s en signe de protestation.
En fin d’après-midi, ils étaient plusieurs milliers à Columbus Circle, près de Central Park, dont de très nombreux ouvriers du bâtiment.
“Nous sommes là pour demander les mêmes droits pour tous ceux qui travaillent”, expliquait Jeanine Keen, du syndicat des menuisiers.
“Nous devons être solidaires de tous les travailleurs”, ajoutait-elle, insistant sur la nécessité pour tous de pouvoir se syndiquer.
– L’inaccessible “rêve américain” –
Certains intervenants ont souligné les inégalités croissantes et évoqué “le rêve américain” inaccessible.
“Dans une ville comme New York, ou dans n’importe quelle ville aux Etats-Unis, vous ne pouvez pas élever une famille, avoir un toit, vous nourrir en travaillant pour 8 ou 9 dollars de l’heure”, a aussi expliqué Kendall Fells, directeur national de la campagne “Battez-vous pour 15” dollars.
Il affirme à l’AFP que depuis le début du mouvement il y a deux ans et demi à New York, les manifestants sont de plus en plus nombreux, de mieux en mieux organisés, et indique que certaines grandes entreprises comme Walmart, Target ou McDonald’s récemment, ont annoncé des augmentations de salaire pour leurs employés.
Les manifestants “ne s’arrêteront pas tant qu’ils n’auront pas un salaire qui leur permette de vivre”, insiste-t-il.
L’approche de l’élection présidentielle de 2016 le rend plutôt optimiste.
“Tous ceux qui vont se présenter à la présidence vont devoir répondre d’une façon ou d’une autre sur ce qu’ils feront en matière d’inégalités salariales et face à ce mouvement +battez-vous pour 15+ dollars qui s’élargit”, dit-il.
éclame des hausses de salaires le 15 avril 2015 à New York (Photo : DON EMMERT) |
Mardi, un rapport officiel du contrôleur financier de New York Scott Stringer avait souligné que le coût de la vie à New York était “le plus élevé du pays”.
“Et quand on l’ajuste au coût de la vie, le salaire minimum est le plus bas de toutes les grandes villes américaines”, avait-il ajouté dans ce rapport étudiant l’impact qu’aurait une augmentation des salaires à 15 dollars de l’heure minimum.
Une telle augmentation “d’ici à 2019 augmenterait les salaires de 10 milliards de dollars par an et bénéficierait à presque 1,5 million de travailleurs dans la ville”, avait-il indiqué, soulignant que plusieurs villes, dont Seattle et San Francisco, avaient voté l’an dernier une telle augmentation, étalée sur plusieurs années.
Le salaire minimum fédéral est lui bloqué depuis 2009 à 7,25 dollars de l’heure.