Espagne : nouvelle enquête du fisc sur l’ex-directeur du FMI Rodrigo Rato

09b8188c049b6d0964a2496505835938b2f34b99.jpg
é par la police le 16 avril 2015 à la sortie de son domicile à Madrid (Photo : JAVIER SORIANO)

[16/04/2015 22:04:03] Madrid (AFP) L’ancien directeur espagnol du FMI Rodrigo Rato, déjà inculpé dans deux affaires de corruption en Espagne, fait l’objet d’une nouvelle enquête du fisc qui a perquisitionné son domicile jeudi, a constaté un photographe de l’AFP.

Depuis deux jours, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy se refuse à confirmer les informations de presse selon lesquelles cet ancien ministre de l’Economie est soupçonné de blanchiment d’argent.

Interrogé sur la perquisition des agents des douanes au domicile madrilène de M. Rato, un porte-parole du Trésor Public a déclaré que l’opération était réalisée “à la demande de ministère public”, se refusant à tout autre détail.

Selon la presse, Rodrigo Rato est un des milliers d’Espagnols qui ont profité d’une amnistie fiscale pour rapatrier des avoirs non déclarés à l’étranger. Les autorités auraient décidé ensuite d’enquêter sur l’origine des fonds que l’ancien ministre a déclarés à cette occasion.

Elles s’intéresseraient notamment à 6,2 millions d’euros qu’il a touchés de la banque Lazard en 2011. Il a expliqué avoir exercé des options d’actions reçues en 2008.

Expulsé des rangs du Parti populaire (PP, conservateurs au pouvoir), Rodrigo Rato est déjà poursuivi pour deux autres affaires. Il est inculpé pour escroquerie, détournement de fonds et falsification de comptes lors de l’entrée en Bourse en 2011 de la banque Bankia qu’il a dirigée de 2010 à 2012.

Cette banque avait frôlé la faillite, ruinant des centaines de milliers de petits actionnaires, et le gouvernement avait dû la nationaliser en injectant plus de 20 milliards d’euros en 2012. Ce fiasco avait précipité un sauvetage européen du secteur bancaire espagnol de 41,4 milliards d’euros, dont la moitié rien que pour cette banque.

Rodrigo Rato, ancien ministre de l’Economie du gouvernement de José Maria Aznar de 1996 à 2004, avant de diriger le Fonds monétaire international (FMI) entre 2004 et 2007, est également inculpé dans le cadre de l’utilisation présumée frauduleuse de cartes bancaires de Caja Madrid, l’une des caisses d’épargne qui ont formé Bankia.

Ces cartes “au noir” ont été utilisées sans aucun contrôle par des dirigeants de Caja Madrid pour leurs dépenses personnelles, comme des safaris en Afrique ou de achats de produits de luxe, selon la presse.

Tout en se refusant à commenter la nouvelle enquête contre Rodrigo Rato, le PP fait valoir qu’il lutte efficacement contre la corruption, qui indigne l’opinion publique en pleine année électorale, à quelques mois des élections générales du mois de novembre.

Le ministre de la justice, Rafael Catala, martèle le même message: il a souligné devant des journalistes au Congrès des députés que cette perquisition était “la constatation que le système fonctionne, que les juges et les parquets enquêtent, que le droit est appliqué, et la garantie que la loi est la même pour tous”.

De son côté, le chef de l’opposition socialiste, Pedro Sanchez, a dénoncé, sur son compte Twitter, un “véritable scandale”. Le chef du gouvernement Mariano “Rajoy doit fournir des explications et (le ministre des Finances Cristobal) Montoro doit démissionner”, a-t-il écrit, exigeant aussi une commission d’enquête parlementaire.

Un large dispositif policier a été déployé devant le domicile de Rodrigo Rato en début de soirée.