ésident chinois Xi Jinping, montré entre son homologue pakistanais Mamnoon Hussain (g) et le premier ministre Nawaz Sharif, le 18 avril 2015 à Islamabad (Photo : FAROOQ NAEEM) |
[20/04/2015 08:22:15] Islamabad (AFP) Le président chinois Xi Jinping est arrivé lundi matin dans la capitale pakistanaise Islamabad pour y dévoiler des projets d’investissements chiffrés à 46 milliards de dollars visant à “transformer” l’économie de son allié stratégique en Asie.
Le président Xi est arrivé peu avant 11H00 (6H00 GMT) à l’aéroport d’Islamabad où il a été accueilli par le Premier ministre Nawaz Sharif et le gotha politico-militaire pakistanais pour cette visite de deux jours sous haute surveillance, la première d’un chef d’Etat chinois en neuf ans au “pays des purs”.
Le Pakistan et la Chine entretiennent des relations “amicales” depuis des décennies, mais le commerce entre les deux pays a véritablement commencé à décoller ces dernières années, dépassant les 12 milliards de dollars l’an dernier contre environ deux milliards une décennie plus tôt.
Lundi matin, le Premier ministre Sharif s’est entretenu avec des dirigeants de sociétés chinoises, dont la ICBC, plus grosse banque de Chine, le géant Huaneng, qui fait parti des cinq plus importants producteurs d’électricité au monde, et la société Zonergy, impliquée dans un projet d’énergie solaire au Pakistan.
Pékin multiplie les investissements au Pakistan, géant musulman de près de 200 millions d’habitants miné par les attentats et une crise énergétique qui freine sa croissance économique, néanmoins prévue à 4,3% en 2015 selon les projections du Fonds monétaire international (FMI).
Pour la visite du président Xi Jinping, les autorités pakistanaises évoquent des accords bilatéraux chiffrés à 46 milliards de dollars. “Ces 46 milliards représentent l’ensemble de notre portefeuille de projets”, dont certains sont déjà en cours mais d’autres demeurent encore sur la table à dessin, a indiqué à l’AFP Ahsan Iqbal, ministre en charge de ces projets de développement.
Les deux pays misent sur des projets énergétiques (gaz, charbon, solaire, etc.) de 16.400 Mégawatts, l’équivalent de la capacité actuelle du Pakistan, dont 10.400 Mégawatts sont considérés prioritaires, et d?infrastructures d’environ 11 milliards de dollars, a ajouté M. Iqbal.
“Ce sont des projets substantiels et tangibles qui favoriseront une transformation significative de l’économie du Pakistan”, a ajouté M. Iqbal, alors que des affiches géantes et des lumières célébrant “l’amitié sino-pakistanaise” avaient été disposées sur l’avenue de la Constitution, devant l’Assemblée nationale.
La coopération entre les deux pays dépasse les seuls projets d’infrastructures et vise en fait à créer un véritable “corridor économique”, reliant le port pakistanais de Gwadar, sur la mer d’Arabie, aux régions occidentales de la Chine comme le Xinjiang, frontalières du Pakistan.
Le Pakistan a transféré en 2013 le contrôle du port en eaux profondes de Gwadar, dans la province instable du Baloutchistan, à une société publique chinoise. Une fois la route remise en état, ce port pourrait permettre de réduire de plusieurs milliers de kilomètres le trajet pour transporter le pétrole du Moyen-Orient vers l’ouest de la Chine tout en contournant l’Inde rivale.
Les deux pays misent aussi sur la construction d’un pipeline entre Gwadar et la ville pakistanaise de Nawabshah afin de distribuer du gaz naturel liquéfié importé du Moyen-Orient dans le sud du Pakistan.
– Questions de sécurité –
La visite de Xi Jinping était initialement prévue en septembre, mais avait dû être reportée en raison de manifestations antigouvernementales qui n’ont pas réussi à déloger du pouvoir le Premier ministre Sharif.
Outre le commerce bilatéral, les questions de sécurité devraient être évoquées au cours de cette rare visite d’un chef d’Etat étranger au Pakistan.
La Chine craint l’infiltration d’islamistes armés du Pakistan voisin vers le Xinjiang, province musulmane frontalière sporadiquement secouée par des violences. “La Chine veut sécuriser sa frontière et souhaite que le Pakistan s’assure qu’il n’y ait pas d’infiltration d’insurgés”, estime l’ancien général pakistanais Talat Masood.
Aussi, la question de l’Afghanistan, pays à la fois frontalier de la Chine et du Pakistan, et plus précisément de la réconciliation entre les talibans afghans et le pouvoir à Kaboul, pourrait être évoquées au cour de la visite du président Xi Jinping à Islamabad.