Des chercheurs et experts en finance islamique ont exhorté les autorités publiques tunisiennes et particulièrement la Banque centrale de Tunisie (BCT) à mettre en place une réglementation prenant en considération les spécificités de ce système financier qui obéit toujours à la réglementation de la finance conventionnelle.
Intervenant lors des troisièmes journées annuelles scientifiques organisées lundi à Sfax sur “l’économie appliquée et approches conventionnelles et islamiques”, le professeur Makram Bellalah a indiqué que la Banque centrale devrait réviser les textes réglementaires en vigueur en ce qui concerne la règle de TMM (Taux du Marché Monétaire) appliquée en même temps pour les banques conventionnelles et les banques islamiques.
Cette règle, a-t-il dit, est incompatible avec la nature de la banque islamique qui ne devrait pas suivre les démarches de l’intérêt interdit par la Chariâa.
Il a mentionné, par ailleurs, que la coexistence entre la finance islamique et la finance traditionnelle est possible et peut profiter à l’oeuvre de développement nationale. Il a, toutefois, appelé à la diversification des sources de financement du système financier islamique pour qu’il soit encore plus concurrentiel et à même de mieux gérer les risques et pouvoir contribuer activement à l’oeuvre de création de richesse et d’emplois d’autant plus que ses produits sont privés des rentes de l’intérêt sur lequel repose le système bancaire conventionnel.
Pour Habib Ghorbal, trésorier de l’Association tunisienne d’économie islamique (ASTECIS), la finance islamique procure un grand nombre de produits qui lui sont propres et peuvent être utiles et efficaces dans le financement des micro-projets vecteur important de l’investissement et de la création d’entreprises. Parmi ces produits, il a énuméré les sukuks islamiques, les contrats de Mourabaha, de Moucharaka (participation), la Zaket, les Wakfs et Habous.
Le professeur Nejib Hachicha, enseignant à la Faculté des sciences économiques et de gestion de Sfax (FSEG), considère que la finance islamique qui contribue à la diversification et à l’enrichissement du système financier général offre des alternatives, des solutions et des marges de manoeuvre lorsqu’une crise ou un choc économique secoue le système financier national et international, chose qui arrive de temps à autre, selon lui.