Chine : bousculade des constructeurs pour satisfaire la demande de 4×4 urbains

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automobile de Shanghai, le 20 avril 2015 (Photo : JOHANNES EISELE)

[21/04/2015 06:45:22] Shanghai (AFP) Les constructeurs automobiles se bousculent pour proposer aux Chinois des “crossover”, 4×4 urbains, de nature à satisfaire des consommateurs désormais soucieux de se différencier de la masse des berlines classiques.

Le salon automobile de Shanghai ouvert cette semaine est avant tout cette année celui des SUV (Sport Utility Vehicle), “crossover” et autres 4×4 de ville, vedettes des ventes en Chine où ils ont progressé de 49% sur un an au 1er trimestre, profitant surtout aux constructeurs locaux, alors que le reste du marché se refroidissait.

Selon le cabinet d’experts IHS, plus de quatre millions de véhicules sur les 20 millions produits en Chine en 2014 étaient des SUV, un chiffre qui devrait atteindre sept millions en 2018 et continuer à croître.

Et sur les stands des grands constructeurs occidentaux comme ceux des marques locales, ces véhicules à importante garde au sol, mais sans les prétentions tout-terrain d’un vrai aventurier, sont omniprésents à Shanghai, contestant à l’auguste berline à empattement allongé le statut de vedette du marché chinois – et de signe extérieur de statut social.

“Le crossover en Europe va aller plutôt chercher des parts de marché sur les monospaces familiaux, en Chine c’est plutôt sur les berlines”, note Flavien Neuvy, directeur de l’observatoire Cetelem de l’automobile, basé à Paris.

Cette année, “on recense pas moins d’une vingtaine de SUV compacts ou petits qui vont être lancés sur le marché par les constructeurs chinois, hors coentreprises. Ca correspond à ce qui est souhaité par les clientèles des plus grandes villes, et ça correspond aussi, pour les gammes un peu inférieures, aux clients des nouvelles villes qui sont le véritable relais de croissance en Chine pour l’automobile”, explique pour sa part François Jaumain, consultant automobile chez PwC .

– Première mondiale chez Citroën –

Les constructeurs occidentaux, plus que jamais en quête de croissance sur le marché chinois, ne s’y trompent pas, et voient même pour certains la Chine, premier marché mondial en volume, devenir le paradis des baroudeurs des supermarchés, devant leur sanctuaire américain.

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à Pékin (Photo : Mark Ralston)

“Il reste un gros potentiel sur ce créneau. La Chine devrait devenir d’ici à 2018 le premier marché mondial pour les SUV”, assure John Lawler, directeur général de Ford Motor China.

Même credo chez Volkswagen, premier constructeur étranger en Chine: Jochem Heizmann, le patron du groupe allemand pour le pays, promet “de nouveaux modèles sur de nouveaux segments de SUV, pas seulement à bas prix, mais aussi des SUV moyens plus grands, ou de luxe”.

Côté Français, Citroën a réservé à Shanghai la première mondiale d’un concept-car “Aircross”, silhouette bulbeuse surélevée qui préfigure un crossover de la marque.

Pour les Chevrons, qui réalisent un quart de leurs ventes en Chine, le dynamisme du marché des 4×4 urbains dans ce pays “est l’une des raisons pour lesquelles nous avons choisi” Shanghai pour révéler ce véhicule, explique à l’AFP Linda Jackson, la patronne de Citroën.

“En décembre, nous avons lancé un petit SUV, le C3-XR”, inédit en France. “Après trois mois, nous en avons déjà vendu plus de 14.000 exemplaires. Le marché du SUV croît très vite ici”, souligne-t-elle.

Et juste à côté, Renault vante à Shanghai son petit crossover Captur et son grand frère le Kadjar, qui inaugurera en fin d’année les lignes de la première usine chinoise du constructeur au losange. C’est par les crossovers que Renault attaque ce marché dont il espère capter 3,5% à moyen terme, soit 700.000 modèles par an.

M. Heizmann rappelle la raison pour laquelle les crossovers séduisent, en Chine comme d’ailleurs aux Etats-Unis et en Europe: “une position de conduite plus élevée, l’impression de sécurité, la flexibilité de la voiture à l’usage, et son adaptation aux conditions routières difficiles”.

Autre élément: le souhait de se distinguer de la masse, selon M. Neuvy. “Le parc chinois a moins de cinq ans d’âge, pour la première fois on commence à voir des primo-accédants qui changent de voiture, et ceux-là sont tout à fait à même de prendre un modèle qui correspond davantage à leurs goûts”.