Une fois n’est pas coutume, notre diplomatie rompt avec 50 ans d’inertie vis-à-vis de l’Afrique. En effet, la politique tunisienne des visas date de 1963, depuis cette date, peu de changements et même après la révolution de janvier 2011 et la venue à Carthage d’un locataire “pro-africain“, Dr Moncef MARZOUKI –qui a effectué une tournée en Afrique avec une délégation d’hommes d’affaires les emmenant au Tchad, Niger, Mali et Gabon-, peu de choses ont été faites.
Cette politique rend la vie très difficile pour beaucoup de Tunisiens, notamment les hommes et femmes d’affaires pour avoir un visa pour certains pays africains qui nous appliquent la règle de réciprocité.
A titre d’exemple, pour aller au Tchad, il faut se déplacer en Algérie (par avion), passer une nuit à Alger et débourser une taxe de 120 euros pour pouvoir avoir un visa avec une unique rentrée au Tchad. Ce charmant pays africain ne dispose plus en Tunisie ni ambassade ni consulat.
Au passage, il faudra noter que peu de pays africains ne disposent pas en Tunisie d’une ambassade et ce du fait que l’Algérie met à leur disposition un local gratuit en plus d’une contribution au financement de leur représentation diplomatique.
Mais lundi 20 avril restera comme un grand jour pour la diplomatie tunisienne, car, suite à un Conseil ministériel, présidé par le Premier ministre, on annonce que la Tunisie a supprimé le visa à partir du 1er mai 2015 pour plusieurs pays dont le Burkina Faso, la RD Congo, le Congo-Brazzaville, le Botswana et la République centrafricaine… mais aussi la Jordanie.
Des hommes d’affaires tunisiens considèrent que c’est un grand pas pour la diplomatie, mais également pour les échanges, les voyages et l’ouverture vers notre continent naturel, l’Afrique. Toutefois, ces opérateurs économiques s’interrogent aussi sur les raisons de l’exclusion des pays comme le Tchad, le Cameroun, le Benin, le Nigeria, l’Ethiopie, le Ghana, le Togo ou le Bénin. Ils espèrent qu’il s’agit là d’une première liste, et que donc une autre suivra.
Il faudra rendre hommage au CEPEX, qui a été le premier organisme public à prendre conscience –et ç le faire savoir- de cette lacune et de cette entrave à l’exportation de biens et services. Car, plusieurs visiteurs africains boudent la Tunisie à cause de sa politique discriminatoire, raciste et de visas.
Maintenant reste à souhaiter que Tunisair emboîte le pas à notre diplomatie.