Automobile : les normes antipollution, aubaine pour les équipementiers en Chine

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ée fortement polluée à Shanghai, le 19 avril 2015 (Photo : JOHANNES EISELE)

[22/04/2015 08:03:51] Shanghai (AFP) Les objectifs de limitation des émissions polluantes édictés en Chine constituent une aubaine pour les équipementiers automobiles occidentaux, forts de leur avance technologique sur leurs concurrents locaux, selon des acteurs et des experts du secteur.

Massivement implantés dans le pays via des usines et des centres de recherche, ces fournisseurs de pièces spécialisées, contrairement aux constructeurs automobiles, n’ont pas l’obligation de créer une coentreprise avec des sociétés chinoises.

Ils gardent ainsi l’intégralité de leurs bénéfices et la propriété de leurs brevets, fruits de coûteux investissements.

Avec la mise en place de normes de plus en plus sévères aux Etats-Unis et en Europe, nombre de ces brevets concernent des techniques de dépollution ou de réduction de la consommation: “stop & start” (arrêt automatique du moteur quand la voiture n’avance plus), catalyseurs (filtrage des gaz d’échappement), matériaux plus légers et technologies hybrides essence-électricité.

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électriques Tesla alignées devant un concessionnaire de Shanghai, le 17 mars 2015 (Photo : JOHANNES EISELE)

La Chine, confrontée à une pollution atmosphérique endémique, a elle aussi édicté des règles strictes avec comme cible des émissions de 117 grammes de CO2 par kilomètre à l’horizon 2020, via un palier intermédiaire en 2017. En Europe, le but est de parvenir à 95 g/km dans cinq ans.

En Chine, “tous les constructeurs veulent parvenir en temps et en heure aux objectifs de 2017, donc tout le monde a besoin des technologies” que nous proposons, explique à l’AFP David Xu, vice-président de la branche chinoise du géant allemand Bosch.

“Toutes nos technologies ont été développées dans le domaine du contrôle des émissions, aux Etats-Unis pour la partie essence, et en Europe pour la partie diesel, et on en bénéficie aujourd’hui pour la Chine”, explique pour sa part Stéphane Martinot, directeur du marketing de Faurecia.

“Clairement, la technologie dont disposent les équipementiers étrangers et notamment européens représente un énorme avantage pour s’imposer en Chine”, un marché réputé très rentable, renchérit François Jaumain, expert du marché automobile mondial au cabinet PwC.

– ‘Plusieurs années d’avance’ –

Faurecia revendique les premières places mondiale et chinoise des systèmes de dépollution.

Cette filiale de PSA Peugeot Citroën a présenté cette semaine au salon automobile de Shanghai un filtre à particules pour les moteurs essence et un dispositif sophistiqué destiné aux camions et bus diesel, de loin les véhicules les plus polluants en Chine.

“La réglementation des émissions (…) nous aide parce qu’on a les bonnes technologies au bon moment et au bon niveau de prix”, reconnaît M. Martinot.

Les équipementiers fournissent aussi bien les coentreprises des constructeurs étrangers que les dizaines de marques purement chinoises, relève Edouard de Pirey, président de Valeo pour la Chine.

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élevée à Shanghai, une ville au trafic congestionné, le 1er avril 2015 (Photo : JOHANNES EISELE)

“On va vers la baisse des émissions de CO2 et la baisse des consommations en Chine, ils vont tous massivement vers l’hybride et l’électrique, et on propose nos technologies, plutôt des technologies prêtes sur étagères”, c’est-à-dire déjà éprouvées, explique-t-il.

Les constructeurs chinois “veulent quelque chose de produit localement, de façon économique, pour leur permettre d’atteindre des consommations basses à un coût abordable”, souligne M. Xu.

Et la concurrence des équipementiers locaux ? Elle existe mais les Chinois “n’ont pas ces technologies, ils sont encore très distancés”, selon M. Jaumain. “On a clairement plusieurs années d’avance (…) et c’est là-dessus que l’on fait la différence”, confirme M. de Pirey.

La plupart des grands équipementiers occidentaux revendiquent des taux de croissance à deux chiffres en Chine et font preuve d’optimisme, même sur un marché qui semble voué à progresser moins rapidement: entre autres, Plastic Omnium (réservoirs de carburant et pièces de carrosserie) prévoit un doublement de son chiffre d’affaires en Chine d’ici à 2018.

“Tout l’enjeu est de trouver de nouvelles idées et d’investir massivement dans la recherche et développement”, indique M. de Pirey, tandis que M. Martinot estime que la concurrence est “très agressive. Il faut continuer à travailler en R&D pour garder cette avance”.

Illustration, toujours sur le thème des préoccupations des Chinois pour leur santé: tant Valeo que Faurecia ont présenté à Shanghai de nouveaux systèmes de filtres afin de débarrasser les voitures de la pollution qui s’infiltre à l’intérieur des habitacles.