L’investissement public dans les pays du Maghreb, plus particulièrement en Tunisie et au Maroc, est insuffisant, de sorte qu’un certain rattrapage s’impose, a indiqué Hafedh Bouakez, docteur en économie, qui présentait, jeudi, à Tunis, les résultats d’une étude élaborée sur le thème «Investissement public et croissance dans les pays du Maghreb».
En Tunisie, la part de l’investissement public dans le PIB s’est maintenue aux alentours de 3% au cours des dernières années, a-t-il fait savoir. L’étude qui a concerné la Tunisie, le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie a révélé que l’investissement public, bien qu’il n’ait pas un effet direct sur la croissance, joue un rôle de catalyseur de l’investissement privé, dont l’impact est significatif et direct sur la croissance, d’après les résultats de l’étude. «D’où l’enjeu de ne pas négliger l’investissement public», tout en s’assurant de maintenir un niveau soutenable de la dette publique, a recommandé Bouakez.
L’expert a indiqué que la faible corrélation entre la croissance et l’investissement public, s’explique par ce qu’il a appelé «le time to build», c’est à dire le temps nécessaire à la mise en place des projets d’investissement public.
Une autoroute prend entre 9 et 19 ans pour être construite en Amérique, a-t-il indiqué à titre illustratif, d’où l’impact non immédiat sur la croissance. Les gouvernements des pays du Maghreb doivent cibler des secteurs dans lesquels l’investissement public ne risque pas d’évincer l’investissement privé, tels que l’infrastructure de transport, l’énergie et la santé, a- encore proposé l’expert.
L’étude a suggéré également d’encourager les privés dans le cadre du partenariat public-privé (PPP) à travers des incitations fiscales et non fiscales (simplification des procédures administratives) et d’entretenir efficacement l’infrastructure en place.
30% de l’infrastructure existante en Afrique a besoin d’être rénovée, a-t-il fait savoir. Mieux contrôler le processus d’octroi des contrats à des entreprises privées afin d’éviter les fraudes et malversations et améliorer la rentabilité des projets publics, figurent également parmi les recommandations proposées par l’étude.
Bouakez a rappelé, à cette occasion, la régression du taux de l’investissement public par rapport au PIB dans les pays du Maghreb au cours des dernières années(2010- 2013). Il a indiqué que la situation est la même pour les quatre pays objets de l’étude, avec une tendance baissière des investissements publics, parfois interrompue par des épisodes d’investissement dans des projets spécifiques, tels que les projets d’approvisionnement en eau et électricité et les premiers projets d’autoroutes durant les années 1970 et 1980 pour le cas de la Tunisie et le plan d’urbanisation de Rabat ainsi que la construction des barrages s’agissant du Maroc. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la série sur les notes de politiques en Afrique du Nord, organisée par la Banque africaine de développement (BAD).