Déclarations abracadabrantes de la part de ministres, un gouvernement, un pays tenu en otage par l’establishment syndicaliste, aujourd’hui devenu le plus fort devant la faiblesse de l’Etat, l’attentisme des uns et la solidarité injustifiée d’une classe éclairée qui préfère se taire car «Le syndicat est le seul bastion qui reste contre la montée d’Ennahdha», que reste-t-il aujourd’hui de la Tunisie? Et où sont passées la dignité, l’autorité et le prestige de l’Etat, cheval de bataille de Nidaa Tounès lors de sa campagne électorale !
La Tunisie est en état de siège, en témoigne l’Avenue Habib Bourguiba entourée de fil de fers barbelés et de saletés. Et on parle de tourisme. Un secteur victime non seulement du terrorisme mais de l’incapacité de ses principaux acteurs à faire preuve de réactivité face au sinistre. «Dhra3ek ya Allef» (Chacun pour soi), c’est la Tunisie aujourd’hui. Et pas seulement le tourisme, tous les secteurs économiques sont sinistrés par la bénédiction de notre super intelligente, humaine et patriote centrale syndicale.
Qui oserait parmi les élites politiques et intellectuelles s’attaquer à ce bastion, un lieu hautement patriotique du temps de Farhat Hached et de Habib Achour? C’est presque un blasphème que de le critiquer. Il relève du sacré et ses adeptes vous couvrent d’insultes et de menaces. Qui a dit qu’Ennahdha est la seule secte du pays?
Au Premier ministère, le chef du gouvernement est lui-même enchaîné par les contraintes droit-hommistes et la suprématie des syndicats. Nous serions presque tentés de suggérer au président de la République de désigner Hassine Abassi, le «défenseur des veuves et des orphelins» (sic) à la tête du gouvernement. Les membres de son bureau exécutif occuperont les postes de ministres et nous verrons si les grèves anarchiques couvertes par une légitimité syndicale, forte de sa toute puissance face à la faiblesse de l’Etat, continueront aussi fort!
Encore une fois, que ceux qui considèrent que défendre le tissu entrepreneurial revient à s’attaquer aux droits des travailleurs réfléchissent un peu, juste un peu, aux conséquences de leur soutien aveugle et non réfléchi à des mouvements protestataires destructeurs sur l’économie du pays. Personne ne peut soutenir un entrepreneur qui «s’enrichit de la sueur de ses employés». Il est dans la logique des choses que l’on ne soutienne pas des syndicats qui détruisent leurs entreprises parce qu’ils se croient les plus forts!
L’UGTT ivre de sa toute puissance face à la faiblesse de l’Etat mène le pays vers la ruine!
Nous sommes exactement dans la situation du dicton populaire «Le3zouza hezha el Oued w hia tkoul Am saba». Il est honteux de voir que des députés, des représentants de la société civile soutiennent aveuglément l’UGTT même quand elle prend de mauvais choix sous prétexte que c’est le seul bastion contre la montée d’Ennahdha. A ce train là, si le parti islamiste revient en vainqueur, cela sera parce que l’UGTT aurait tellement fragilisé l’Etat et détruit le tissu économique que le parti islamiste doté de grands moyens financiers, bien structuré, discipliné et libéral viendra récupérer à la petite cuillère le pays que la centrale ouvrière aurait mis en lambeaux! Alléluia !
Ben Ali tirait, semble-t-il, sa force de son combat contre le terrorisme, l’UGTT tire aujourd’hui son pouvoir destructeur en se présentant comme seule capable de faire front à Ennahdha, elle est également la plus apte à “somaliser“ la Tunisie en l’absence de l’Etat.
Et Nidaa dans tout cela, ce parti que le peuple a élu pour faire valoir le droit et remettre le pays sur les rails? Il n’existe plus. Aucune position sauf peut-être celles qui expriment les profondes dissensions qui le secouent. Son bloc parlementaire n’est pas homogène et il n’y a aucun pilote dans l’avion, car près de 80% des députés ne reconnaîtraient pas l’autorité du chef du bloc parlementaire. On en viendrait presque à regretter les temps de la Troïka!
A la présidence, BCE est très bien entouré, trop bien entouré même! A tel point qu’il est très difficile de lui faire parvenir des messages. Le président qui a voulu être le père de la Nation donne l’impression qu’il ne soucie guère de cette nation qui ne sait plus comment et où tourner de la tête. Tout le monde s’accorde à dire que le pays va droit dans le mur. Personne ne prend de décision. Notre cher président est inscrit aux abonnés absents, les ministres et gouverneurs sont débordés par les «débordements sociaux» très souvent pas innocents du tout comme s’ils étaient sciemment orchestrés pour détruire le pays.
Les fleurons de l’économie nationale menacés!
Les fleurons de l’économie nationale sont menacés de disparition et les multinationales préparent leur plan B. Super, nous sommes passés de la République bananière à la République des figues de barbarie. Au moins sous la troïka, les incompétents n’étaient pas confrontés à l’envie meurtrière des mouvements sociaux désordonnés et injustifiés. Aujourd’hui partout le terrain est miné et à chaque fois qu’une voix s’élève pour crier au désastre, on s’efforce de la faire taire au nom des droits des démunis. Ce n’est pas grave, il faut bien que nous soyons tous égaux dans la misère et le dénuement. Que c’est difficile de construire, c’est même fatiguant! Attelons-nous donc à détruire le pays.
«Barakatek» chère, très chère UGTT ! Et surtout un grand bravo à notre parquet qui attend que les entreprises ferment leurs portes et perdent leurs marchés pour pénaliser les indisciplinés! Monsieur le ministre de la Justice et nos magistrats auront du pain sur la planche lorsque les terroristes seront rejoints par les centaines de chômeurs qui voudront avoir à manger et peut-être attaqueront les citoyens honnêtes! Il faut bien qu’ils se nourrissent non?
Aujourd’hui, aucun investisseur local ou étranger n’est prêt à investir en Tunisie. Depuis le début de l’année 2015, uniquement 20 entreprises ont ouvert leurs portes et encore, elles ne sont pas très importantes. Toutes les entreprises étrangères surtout dans les secteurs des composants automobiles et aéronautiques préparent un plan B: elles pensaient qu’après l’avènement du nouveau gouvernement leurs intérêts allaient être préservés. Elles se sont lourdement trompées. Pour elles, l’Etat est impuissant et c’est l’UGTT qui fait la loi: en un mot, c’est la dictature des prolétaires et encore, ce n’est même pas pour les bonnes raisons.
Dans nombre de grandes entreprises, les grèves sont déclarées sans préavis et sans raisons valables et sont ensuite couvertes par la centrale syndicale ! Les gouverneurs sont impuissants et le parquet est dans le laxisme, le seul ministre réactif est celui de l’Intérieur, il est conscient des enjeux mais il doit avoir la couverture légale. Entre-temps, nous perdons les clients étrangers qui se fournissent ailleurs.
Le prestige de l’Etat réside dans sa capacité à appliquer la loi et à faire prévaloir les intérêts du pays et de la nation sans aucune peur et sans hésitation. Malheureusement, nous sommes à l’heure des «mains qui tremblent».
Que Dieu protège la Tunisie des inconscients, des opportunistes et des ignares!.