automobile de Shangai (Photo : WANG ZHAO) |
[24/04/2015 09:29:41] Shanghai (AFP) En Chine, plus de 80% des acheteurs continuent de payer comptant quand ils achètent une voiture, mais le crédit automobile progresse à grand pas sous l’aiguillon des constructeurs étrangers, soucieux d’enrayer le tassement de leurs ventes et de rajeunir leur clientèle.
Au salon de Shanghai cette semaine, des industriels évoquaient en souriant l’époque pas si lointaine, il y une douzaine d’années, où les acheteurs chinois apportaient aux concessionnaires des brassées de billets de banque en liasses serrées.
Les cartes bancaires ont remplacé l’argent liquide, mais le paiement comptant reste largement majoritaire. Cette habitude culturelle très ancrée, à rebours des pays occidentaux, s’effrite cependant rapidement sur le premier marché automobile mondial.
“Le taux de pénétration des crédits autos gonfle vite. En 2014, 19% des acheteurs de voitures souscrivaient un crédit, contre 17% en 2013”, observe Lin Huaibin, du cabinet IHS Automotive. Ils étaient moins de 10% en 2010.
La marge potentielle de progression est immense: en France comme aux Etats-Unis, 70% des achats de voitures neuves sont à crédit.
En Chine, les constructeurs étrangers sont très en avance sur ce terrain par rapport à leurs rivaux locaux, alors que s’exacerbe la concurrence entre marques internationales sur fond de ralentissement marqué des ventes.
“Le marché gagne en maturité, les services financiers deviennent une partie plus importante des activités de vente”, explique à l’AFP Hubertus Troska, président de Daimler Chine.s
Presque tous les grands noms du secteur ont emboîté le pas à General Motors et Volkswagen, qui furent les premiers en 2004 à mettre en place des filiales spécifiques destinées à financer les stocks des concessionnaires puis à offrir des crédits aux particuliers.
Le régulateur bancaire a révélé mi-2014 que les prêts accordés à des particuliers par les 17 sociétés de finance automobile autorisées dans le pays s’élevaient alors à 195 milliards de yuans (29,6 milliards EUR)… contre 1,3 milliard de yuans en 2005.
– Jeune au volant et à crédit –
Tous les segments du marché sont concernés: “Volvo comme Cadillac proposent des prêts à zéro intérêt pour certains modèles”, observe M. Lin. Et de l’avis des Chinois, il est devenu extrêmement facile d’être éligible à un crédit.
“C’est une alternative intelligente, même s’il faut courir dans plein d’endroits différents pour comparer”, relevait un internaute sur un forum spécialisé.
Des concessionnaires pékinois interrogés par l’AFP proposaient récemment un paiement initial de 30%, puis un prêt à rembourser sur 12, 24 ou 36 mois. Les taux sont bas, souvent nuls –de façon à rivaliser avec les banques traditionnelles.
automobile de Shangai, en Chine, le 24 avril 2015 (Photo : WANG ZHAO) |
Une offre récente pour un crossover de Volkwsagen consistait entre un premier versement de 30% du prix, puis un prêt sans intérêt sur trois ans, avant un versement final de 35%.
De quoi séduire des acheteurs plus jeunes, ayant moins d’économies et prêts à s’endetter pour se mettre au volant du bolide convoité.
Sur des modèles de Peugeot tels que le crossover urbain 2008 ou la nouvelle berline 308, “on voit que beaucoup d’acheteurs, entre 25 et 32 ans, ont effectivement davantage recours au crédit que leurs aînés”, confie Mathieu Vennin, un des responsables de la marque au lion dans le pays.
“Auparavant, ces jeunes achetaient autant, mais se finançaient différemment, en utilisant des fonds avancés par la famille ou les amis”, ajoute-t-il.
– En 2017, un acheteur sur trois ? –
Dans l’espoir de stimuler les ventes auto, la banque centrale chinoise a par ailleurs réduit les ratios de réserves obligatoires imposés aux sociétés financières automobiles.
“Cela fait partie des outils du gouvernement pour stimuler le secteur automobile si nécessaire”, commente Maxime Picat, DG de Peugeot.
Et les options de financement sont incontournables les constructeurs haut de gamme (voitures s’écoulant entre 30.000 et 185.000 euros), segment sévèrement touché par l’assombrissement de l’économie chinoise.
Concurrent direct de ses compatriotes BMW et Audi, Mercedes (groupe Daimler) a même une offre visant directement les étudiants et jeunes diplômés.
“Mercedes Benz Finance est particulièrement bien positionné. Pratiquement un tiers des ventes assurées par nos concessionnaires sont financées par notre +captive+ (filiale de crédit)”, se réjouit M. Troska, évoquant “une croissance prodigieuse”.
La tendance devrait encore s’accélérer pour l’ensemble du marché: le cabinet Roland Berger Strategy estime que le nombre de contrats de crédit automobile en Chine devrait croître de 25% par an entre 2013 et 2017, date où 30% des acheteurs seront concernés.