entreprise marseillaise, Innate Pharma (Photo : Andrew Yates) |
[24/04/2015 11:47:12] Paris (AFP) L’entreprise marseillaise de biotechnologies Innate Pharma est entrée dans une nouvelle dimension avec l’annonce vendredi d’un partenariat majeur sur un traitement contre le cancer avec le groupe pharmaceutique britannique AstraZeneca, saluée majestueusement à la Bourse de Paris.
Selon l’accord, Innate Pharma recevra un versement initial de 250 millions de dollars en contrepartie des droits mondiaux et exclusifs de co-développement et de commercialisation d’un anticorps baptisé IPH2201 en combinaison avec un produit développé par AstraZeneca, l’anticorps MEDI4736.
L’IPH2201 pourra aussi être utilisé en monothérapie ou en combinaison avec d’autres anticorps d’AstraZeneca.
La société française pourra ensuite recevoir, par étape, des paiements pouvant atteindre 1,275 milliard de dollars ainsi que des redevances à deux chiffres sur les ventes. L’accord comprend aussi des droits de co-promotion en Europe pour 50% des profits dans cette région. Une source de revenus importante pour une entreprise qui comptait seulement 99 collaborateurs fin 2014.
La réaction des investisseurs était enthousiaste: le titre d’Innate Pharma flambait de 64,33% à 14,74 euros vers 12H50 (10H50 GMT) sur Euronext, un cours qui valorisait l’entreprise à 784 millions d’euros.
“Ce partenariat clé avec un des leaders en immuno-oncologie marque clairement une phase de transformation pour Innate”, indique dans une note le courtier Gilbert Dupont. L’accord est selon lui “encore plus lucratif qu’anticipé”.
Il “donne à Innate les capacités et les ressources qui permettront à la société de franchir une étape décisive vers le développement avancé et potentiellement la co-promotion”, a souligné Hervé Brailly, président du directoire et co-fondateur d?Innate Pharma.
Il apporte des moyens financiers qui vont permettre un développement “plus large et sans doute plus rapide que ce que nous aurions pu faire avec nos propres moyens”, a renchéri la responsable financière de l’entreprise Catherine Moukheibir, lors d’une conférence téléphonique.
Innate Pharma, qui conçoit et développe des anticorps thérapeutiques innovants contre le cancer et les maladies inflammatoires, a été créé en 1999 par six immunologistes et introduit en Bourse en 2006.
Fin 2014, le groupe disposait d’une trésorerie de 69,2 millions d’euros, grâce notamment à une augmentation de capital de 50 millions d’euros opérée en juin dernier.
– Les combinaisons, axe d’AstraZeneca –
L’entreprise a déjà noué des alliances avec des grands noms de la pharmacie comme Bristol-Myers Squibb, Sanofi ou Novo Nordisk A/S.
C’est avec ce dernier qu’Innate Pharma avait initié en 2011 des essais cliniques de Phase I sur l’anticorps IPH2201. La biotech marseillaise a par la suite racheté, en 2014, les droits à Novo Nordisk A/S.
En plus du plan de développement déjà prévu par Innate Pharma et comprenant plusieurs essais de phase II sur une série de cancers, en monothérapie et en combinaison avec des traitements commercialisés, l’accord prévoit désormais des essais cliniques de phase II avec MEDI 4736 (la molécule d’AstraZeneca) dans des tumeurs solides.
Innate Pharma recevra d’AstraZeneca 100 millions de dollars supplémentaires avant l’initiation du développement de phase III, la dernière étape avant une demande d’autorisation.
Pour le directeur général d’AstraZeneca Pascal Soriot, “les combinaisons en immuno-oncologie ont le potentiel d’être l’une des voies de traitement les plus efficaces pour traiter le cancer”. Dans cette optique, le groupe britannique a d’ailleurs annoncé vendredi parallèlement à l’accord avec Innate Pharma un partenariat avec la société américaine Celgene.
“En ciblant à la fois l’immunité innée et acquise, nous avons l’opportunité de proposer un bénéfice clinique important aux patients pour de multiples cancers”, a ajouté M. Soriot.