“Nous sommes confiants du potentiel de croissance du taux de pénétration du capital-investissement dans l’économie tunisienne. On peut le porter de 0,3% actuellement à 0,5% à moyen terme”, a déclaré, jeudi 23 avril, Karim Ghenim, président de l’Association tunisienne des investisseurs en capital (ATIC).
Les montants investis par le capital-investissement (CI), moteur de financement de l’économie et du tissu entrepreneurial tunisien, ont pourtant baissé à 223 millions de dinars (MDT) en 2014 contre 260 MDT en 2013.
Il a expliqué cette baisse par une régression des projets fiables et intéressants en quête de financement.
Il s’agit, aussi, de l’impact des difficultés rencontrées par les sociétés du capital-investissement à cause du climat actuel d’activité économique atone et d’accès limité au crédit, a-t-il ajouté, lors de la 1ère conférence annuelle du capital investissement organisée sur le thème “Le capital investissement: accélérateur de croissance de l’économie tunisienne”.
Il a affirmé qu’en dépit des potentialités qu’il recèle en Tunisie, le capital investissement fait face à plusieurs difficultés et ses réalisations restent en deçà de son vrai potentiel.
Il a proposé, pour surpasser les difficultés rencontrées et améliorer le taux de pénétration du capital investissement dans l’économie de mettre en place un cadre réglementaire propice à l’investissement privé.
Le responsable suggère aussi l’accélération de la réforme du code de l’investissement et la promotion “d’un cadre d’incitation publique qui tourne autour du métier capital investissement”.
Autres voies pour améliorer ce créneau: la modernisation du cadre juridique et administratif et la canalisation d’une part des réserves techniques des compagnies d’assurances vers le capital investissement, la réduction de l’impact de l’économie informelle et l’instauration d’un cadre réglementaire simple et lisible au niveaux onshore et offshore.
Il a fait savoir, par ailleurs, que le nombre d’emplois créés par le CI est de l’ordre de 5.000/an.
L’ancien ministre des Finances, Jalloul Ayed, estimé, lui, qu’il est temps de créer en Tunisie un marché spécialisé dans le capital-investissement. Car le problème qui se pose est l’accès difficile au financement bancaire pour les PME, qui constituent 70% du tissu économique en Tunisie.
“Une PME (Petite et moyenne entreprise) qui n’a pas de fonds propres confortables ne peut pas accéder facilement au financement bancaire”, a déclaré Ayed.
Un marché de capital-investissement permettra aux PME de consolider leur situation financière, d’accéder, facilement, aux crédits et partant développer leurs projets et affaires, recruter et créer de la valeur pour l’économie nationale.
Selon l’ex-ministre des Finances, la première action importante à lancer est le développement d’un cadre juridique qui encourage les investisseurs institutionnels (par exemple les compagnies d’assurances) à investir dans les fonds d’investissement pour pouvoir créer un marché robuste.
Pour Ayed, il est aussi nécessaire de développer l’expertise qui permettrait de promouvoir un marché capital investissement dans le pays, car il reste “un métier métier”.
La secrétaire d’Etat chargée des Finances, Boutheina Ben Yaghlane, a fait savoir que le gouvernement oeuvre, dans le cadre d’une réflexion sur la réforme fiscale, à orienter l’épargne à de nouveaux produits, dont le capital investissement sous ses différentes formes (capital-risque, capital développement, capital transmission et capital retournement).
“La réglementation sur le contrôle des investissements étrangers sera modernisée et assouplie pour permettre à la structure qui détient le capital à évoluer progressivement sans toucher aux secteurs stratégiques et sensibles”, a-t-elle laissé entendre.
Il convient de rappeler que le capital investissement finance annuellement plus de 200 entreprises, dont une bonne moitié au stade de création et plus de la moitié des investissements sont réalisés dans des Zones de développement régional.