Des bateaux de plaisance dans le port de Monaco le 19 September 2007 (Photo : Valery Hache) |
[25/04/2015 09:40:04] Paris (AFP) A quelques mois de la saison estivale, la location de bateaux entre particuliers est portée par le succès de l’économie de partage, offrant au propriétaire un moyen de rentabiliser sa coûteuse passion et au locataire de réaliser son rêve de grand large.
“On sent la dynamique qui s’est mise en route, la courbe continue à être exponentielle”, se félicite Olivier Guiraudie, fondateur de Sailsharing, sur le marché de la location de bateau de particulier à particulier depuis juillet 2013.
Alors qu’en 2014 quelque 500 bateaux avaient été loués par l’intermédiaire du site de la start-up, “on est sur un facteur de croissance de 4 à 5” pour cette année, explique-t-il.
Des milliers de bateaux de plaisance dorment en effet dans les ports français alors que le nombre des sorties n’est que de 10 à 15 jours par an.
Entre le fantasme du moment où on achète et la réalité de l’usage, la passion coûte cher. A l’année, l’entretien du bateau – assurances, anneau, réparations diverses – représente environ 10% de sa valeur neuve, selon les professionnels du secteur.
D’un marché au départ anecdotique, les échanges, selon M. Guiraudie, ont véritablement décollé à l’été 2014, quand les sites de location entre particuliers ont commencé à fleurir sur un créneau jusque-là occupé essentiellement par les professionnels de la location de bateaux, aux commissions bien plus élevées.
– Panier moyen élevé –
Signe d’un avenir prometteur pour ce secteur de l’économie collaborative, la société e-loue, déjà présente sur plusieurs créneaux sur internet – logement, matériel sportif, puériculture, voiture… – a enrichi son offre en acquérant récemment la société Nautlidays.
à la foire de Duesseldorf la 24 janvier 2012 (Photo : Patrik Stollarz) |
“La location de bateaux est en pleine expansion, le panier moyen est très élevé et la clientèle fidèle. Nautlidays nous permet de devenir un acteur majeur de ce secteur juste avant la période d’été”, se félicite Alexandre Woog, président du groupe.
Pour Jérémy Bismuth, à la tête de la start-up Click§Boat, le “constat est très simple. Il suffit d’aller dans un port”. “Même un 15 août, les bateaux sont à quai”.
Son site compte, selon lui, 1.200 bateaux en ligne et sera cette année sur un “multiple de croissance par dix”.
Pour des propriétaires eux-mêmes parfois confrontés à la crise, le “choix est souvent +soit je loue, soit je vends+”, et pour un marin passionné c’est souvent la première option qui s’impose.
Mais la clé du succès de ces plateformes est incontestablement le commentaire réciproque laissé sur le site.
“La notation des deux côtés est fondamentale, s’il y a un mauvais navigateur il faut pouvoir le dire, idem pour le locataire, si vous arrivez et que les voiles sont déchirées, vos vacances sont gâchées”, commente M. Bismuth.
Les professionnels du secteur assurent que le nombre des accidents est faible – des assurances spécifiques à la journée sont proposées -, le locataire doit transmettre un CV nautique et un échange s’instaure avant que les amarres ne soient larguées.
Selon le patron de Sailsharing, beaucoup de locataires sont des marins aguerris, à la recherche de bon plans ou d’une gamme de bateau élargie.
Reste à conquérir le “coeur de cible”, le million de Français qui font du bateau tous les étés, explique-t-il.
– Grincements de dents –
Avantage de ces sites: chacun peut trouver son bonheur. Du vieux rafiot, en passant par le catamaran, jusqu’au yacht de 25 m – comme cette luxueuse unité ancrée à Saint-Tropez, réservée récemment avec équipage à 3.000 euros la journée -, tous les rêves sont permis.
Certaines plateformes proposent aussi à la carte “la co-navigation”, une sortie en mer accompagnée par le propriétaire, ou encore un skipper professionnel.
Plus simplement, des propriétaires louent leur bateau à quai, sous forme de résidence de vacances, avec cris des mouettes, claquement de haubans et senteurs marines en prime.
Mais cette dernière formule provoque quelques grincements de dents sur les pontons. Ces “non-marins” qui n’ont pas les codes pour vivre sur les ports agacent en effet certaines capitaineries, souligne Olivier Guiraudie.