Le tissu économique tunisien étant composé pour l’essentiel de petites et moyennes entreprises (PME), et les banques étant de plus en plus frileuses à l’égard de ces dernières et de moins en moins disposées à les financer, le salut de la Tunisie passe par un très fort développement du financement en private equity –le capital-investissement- et sa plus grande implication dans le financement des entreprises.
Jalloul Ayed, qui est convaincu que cela est «absolument essentiel», l’a clamé haut et fort, lors de la première conférence de l’Association tunisienne des investisseurs en capital (ATIC), organisée jeudi 23 avril.
A l’occasion, l’ancien ministre des Finances a rappelé qu’il existe différents genres de private equity. Certains d’entre eux sont connus et déjà pratiqués en Tunisie –comme le capital-développement ou le capital d’amorçage, encore à ses premiers balbutiements- mais d’autres ne le sont pas encore, dont en particulier le «capital-transmission» et le «capital-retournement». Et les deux sont, selon Jalloul Ayed, à la fois nécessaires et parfaitement adaptés aux besoins de la Tunisie.
Le capital-retournement –ou fonds de retournement- est un mécanisme qui s’adresse aux entreprises en difficulté pour leur permettre de repartir sur de nouvelles bases saines. «C’est cette formule qu’il faut pour un secteur sinistré comme le tourisme», estime M. Ayed.
Mais visiblement conscient des blocages auxquels le pays est confronté dans sa recherche d’une solution aux difficultés de l’industrie touristique, l’ancien ministre fait remarquer qu’il «est temps pour notre pays d’aborder cette question de manière intelligente», d’autant que, selon lui, «il y a beaucoup d’investisseurs intéressés» par une participation à la relance d’entreprises touristiques.
Le capital-transmission, ensuite. Cette autre forme de private equity n’est pas moins requise par la situation actuelle dans le pays. «Il y a une vraie opportunité dans ce domaine en Tunisie, car beaucoup de fondateurs de groupe veulent transmettre ce qu’ils ont bâti à leur famille, au management ou au marché», constate Jalloul Ayed.
Une troisième forme peu connue et guère pratiquée en Tunisie y aurait également sa place. Il s’agit de la financiarisation des actifs immobiliers. En valorisant comme il se doit leurs biens immobiliers, une banque, à titre d’exemple, «peut dégager de 200 à 300 millions de dinars pour renforcer ses fonds propres. Il y a dans ce domaine un potentiel qui se chiffre en milliards de dinars», assure Jalloul Ayed.
Les 6 clés de réussite du private equity
Mais développer une vraie industrie du private equity n’est pas aussi facile qu’on pourrait le penser. Pour le réussir, certains facteurs clefs de réussite doivent être réunis.
Le premier d’entre eux c’est les compétences. Car «les métiers du private equity, guère faciles, sont pointus et exigent un niveau d’expertise élevé», insiste l’ancien ministre.
Le deuxième facteur est la création d’un cadre réglementaire permettant aux fonds de pension d’investir en Tunisie.
Le troisième facteur consiste à «permettre aux compagnies d’assurance d’investir une partie de leur réserve technique» car «cela favorisera l’émergence d’investisseurs institutionnels».
Quatrième facteur de réussite, la création de fonds mezzanine dont l’ancien ministre des Finances regrette l’absence en Tunisie, tout en révélant «qu’on y travaille» actuellement.
Le décollage du private equity en Tunisie exige également –cinquième facteur- que «le système financier accompagne mieux ces métiers» et, sixième et dernier facteur, qu’«un cadre fiscal favorable» soit promulguée.
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