La crise du secteur du phosphate s’éternise, dans la région de Gafsa, et ses retombées commencent à se refléter sur la production des engrais chimiques. Dans ce sens, le directeur de l’usine de Medhilla, spécialisée dans la production du super triphosphate, a déclaré, lundi 27 avril à la correspondante de la TAP à Gafsa, que l’usine va arrêter totalement ses activités si elle n’est pas approvisionnée en phosphate, dans les deux prochains jours.
L’approvisionnement de cette usine en phosphate mouillé et sec s’est arrêté, depuis le 14 avril 2015, à la suite de la vague de protestations sociales, dans les zones de production de phosphate du gouvernorat de Gafsa, ce qui avait conduit, dans une première étape, à l’arrêt de l’unité de production de l’acide phosphorique, puis, dans une seconde étape, des activités des deux unités de super-triphosphate.
Le directeur de l’usine a indiqué que l’unité de production de l’acide sulfurique qui est encore en activité risque, à son tour, de s’arrêter, dans deux jours, si le phosphate n’arrive pas et si les unités de production de l’acide phosphorique et du super-triphosphate ne reprennent pas le travail. Il a expliqué que “les réserves en souffre ont atteint leur maximum, ce qui nécessite d’arrêter sa production”.
Si l’usine est mise à l’arrêt total, il ne lui sera possible de reprendre ses activités qu’après une période d’au moins 15 jours, selon le même responsable, surtout que la reprise du fonctionnement nécessite des opérations de refroidissement et de réchauffement, ainsi que d’une maintenance technique minutieuse.
La Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) a arrêté, depuis deux semaines, la production du phosphate et son transport vers ses clients qui sont le Groupe chimique tunisien (GCT) à Medhilla, Ghannouche et Sfax, et la Société tuniso-indienne des engrais chimiques à Skhira.
De nombreux demandeurs d’emploi observent des sit-in dans les mines d’extraction de phosphate brut, ainsi que sur les routes et les lignes de chemins de fer.
D’après le responsable de la communication de la CPG, Ali Houchati, il n’y a aucun signe d’éclaircie, actuellement, concernant la reprise des activités d’extraction, de production et de transport du phosphate, en raison de “l’attachement des sit-inneurs à leur revendication d’un emploi d’urgence”.
Les besoins de l’usine de Medhilla pour la production des engrais chimiques sont estimés à environ 2000 tonnes de phosphate mouillé et de 600 tonnes de phosphate sec, par jour.
Le directeur régional de l’usine du GCT à Gafsa, Mohamed Boukthir, estime que la production de cette unité n’a pas dépassé 54% de sa capacité, au cours du premier trimestre 2015, à cause de l’irrégularité du rythme d’approvisionnement.
Pour sa part, la production d’engrais chimiques de l’usine de Medhilla a atteint 92 mille tonnes de super- triphosphate, entre le début de l’année et le 26 avril 2015, alors que les estimations tablaient sur 127.000 tonnes, soit un manque de 28%.