Athènes remanie son équipe d’experts pour négocier avec ses créanciers

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à Bruxelles (Photo : John Thys)

[28/04/2015 05:54:19] Athènes (AFP) Après deux mois de négociations infructueuses avec ses créanciers, UE et FMI, et un isolement accru du ministre des Finances Yanis Varoufakis parmi ses pairs européens, Athènes semble vouloir renverser la vapeur en remaniant son équipe d’experts en vue d’une meilleure communication avec Bruxelles.

Cette “réorganisation” des équipes de négociation vise à créer “une équipe politique” chargée de renforcer la coordination et la communication entre les équipes grecques et celles à Bruxelles, a expliqué lundi un communiqué des services du Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Il s’agit d’accélérer enfin des discussions qui piétinent pour trouver très vite un accord avec les créanciers, alors que la Grèce semble réellement à court d’argent désormais.

“Notre objectif (…) est de trouver un premier accord cette semaine si possible, ou la semaine prochaine au plus tard”, a déclaré M. Tsipras lors d’une interview dans la nuit de lundi à mardi à la chaîne de télévision grecque Star TV.

“Je pense que nous en sommes proches”, a-t-il ajouté.

Le rôle du coordinateur de l’équipe d’experts de la Grèce a été confié à Euclides Tsakalotos, ministre adjoint des Affaires étrangères chargé des relations économiques internationales.

Professeur d’économie à l’université d’Athènes, M. Tsakalotos, 55 ans, a un profil discret, en contraste avec le très médiatique Yanis Varoufakis.

Par ailleurs, Yorgos Houliarakis, un économiste déjà membre de l’équipe d’experts techniques grecs travaillant à la préparation des Eurogroupes (réunions des ministres des Finances de la zone euro), va aussi représenter la Grèce au sein du groupe de Bruxelles, composé des experts d’Athènes, de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE), du Mécanisme européen de stabilité (MES) et du Fonds monétaire international (FMI).

M. Houliarakis, proche du vice-président du gouvernement Ioannis Dragassakis, selon les médias grecs, remplace ainsi Nikos Théoharakis, proche de Yanis Varoufakis.

De quoi peut-être commencer à résoudre “le dysfonctionnement” entre les équipes travaillant à Athènes d’une part et à Bruxelles d’autre part, constaté par une source européenne.

Ce remaniement “est une étape nécessaire, car il est clairement plus facile de traiter avec les gens de Tsipras”, a indiqué lundi une autre source européenne ayant requis l’anonymat.

Le gouvernement a toutefois assuré que toute l’équipe reste “sous l’égide de Yanis Varoufakis” qui bénéficie “du soutien” du gouvernement.

Economiste, “marxiste libertaire” comme il s’auto-qualifie, Yanis Varoufakis, élu député en janvier sans être membre de Syriza, le parti de gauche radicale de M. Tsipras, est devenu le chiffon rouge pour certains de ses homologues de la zone euro en raison de sa résistance à se plier aux “réformes” réclamées par les créanciers visant à faire baisser les dépenses publiques.

– Vers un compromis ? –

Le remaniement des équipes de négociation annoncé lundi a été rendu inévitable après la réunion vendredi de l’Eurogroupe de Riga, au cours de laquelle un climat négatif semble s’être créé contre Yanis Varoufakis, tenu apparemment pour responsable par ses partenaires du piétinement des discussions.

La zone euro a exprimé “ses inquiétudes sur les progrès limités dans les discussions” entre Athènes et ses créanciers, déplorant le fait qu’aucun accord n’ait été trouvé.

Preuve du climat tendu, le tweet dimanche de M. Varoufakis dans lequel il reproduit une citation de Franklin D. Roosevelt, prononcée en 1936 quand l’ancien président américain livrait le combat contre les intérêts financiers. “+Ils sont unanimes dans leur haine contre moi. Et leur haine me réjouit.+” “C’est une citation proche de mon coeur (et de la réalité) ces jours-ci”, a commenté M. Varoufakis.

Selon des fuites dans la presse lundi, Athènes s’orienterait bel et bien vers un compromis avec ses créanciers. Le gouvernement serait prêt à reporter à plus tard la hausse du salaire minimum, une promesse électorale pourtant, et à prendre des mesures pour arrêter les pré-retraites. Il vise aussi à réduire les retraites complémentaires élevées et à instaurer une nouvelle taxe pour les voyages de luxe sur les îles grecques.

Le gouvernement Tsipras serait également d’accord pour affecter une partie des recettes de privatisations au remboursement des dettes internationales et une autre partie au système de sécurité sociale dont les fonds se réduisent fortement, indique le site d’information iefimerida.

M. Tsipras a déclaré à Star TV que son gouvernement était prêt à envisager un certain nombre de privatisations.

Il a précisé que son cabinet cherchait à s’inscrire dans des accords de partenariat, notamment pour la gestion du port du Pirée.

“Ce seront nos concessions s’il y a un accord”, a soutenu le Premier ministre.

La Bourse d’Athènes a terminé lundi avec un bond de 4,37% tandis que le taux de rendement des obligations grecques à 10 ans, a commencé à ce détendre, à 11,8% contre plus de 12% la semaine dernière.