á un conseil de ministres, le 28 janvier 2015 à Athènes (Photo : LOUISA GOULIAMAKI) |
[28/04/2015 17:03:08] Athènes (AFP) L’argent manque et le temps presse: c’est donc un économiste modéré, mais proche de lui, Euclide Tsakalotos, que le Premier ministre grec Alexis Tsipras a décidé de promouvoir désormais dans les négociations avec les créanciers du pays, aux côtés du controversé ministre des Finances Yanis Varoufakis.
Ce professeur d’économie de 55 ans, vice-ministre des Affaires étrangères en charge des affaires économiques internationales, sera le coordinateur de l’équipe de négociation, même si celle-ci reste dirigée officiellement par M. Varoufakis. Les deux hommes sont allés ensemble rencontrer le Premier ministre lundi après-midi.
Donnant dans la nuit de lundi à mardi sa première interview depuis son arrivée au pouvoir le 25 janvier, M. Tsipras a donné des justifications techniques à son choix : “Maintenant que nous sommes dans la dernière ligne droite, nous avons besoin de réorganiser nos équipes afin d’avoir le plein contrôle et la meilleure efficacité possible”, a-t-il dit.
éunion de printemps du FMI et de la Banque mondiale le 16 avril 2015 à Washington (Photo : PAUL J. RICHARDS) |
“Il y a souvent une mauvaise compréhension” avec les équipes de l’UE et du FMI, et même “un climat négatif” envers M. Varoufakis, a-t-il cependant concédé sur Star TV.
Celui-ci, avec son look très peu bureaucratique, ses tirades sur l’économie, et sa manière de se dire sans cesse extrêmement optimiste quand ses partenaires trouvent au contraire que rien n’avance, a fini lui-même par reconnaître “la haine” générale de ses pairs, dans un tweet citant l’ancien président américain Franklin D. Roosevelt, au lendemain de l’Eurogroupe de Riga, vendredi.
Les sorties publiques, tweets ou mails, sont prisées par M. Varoufakis de manière générale, y compris pour se plaindre de tel ou tel média qui aurait déformé ses propos. Ou pour regretter, aussi, une série de photos dans Paris-Match donnant de lui une image plus bourgeoise que marxiste.
– Rotterdam, Oxford, Kent –
Rien d’aussi marqué chez M. Tsakalotos, professeur d’économie portant le prénom du père de tous les mathématiciens, et au visage juvénile, né à Rotterdam, éduqué à Oxford, et enseignant à l’Université de Kent entre 1990 et 1993 avant de regagner la Grèce.
ès du parti républicain irlandais Sinn Fein, le 7 mars 2015 à Londonderry, en Irlande du nord (Photo : PAUL FAITH) |
Il sera à la tête de l’équipe de “négociation politique”, un adjectif cher à M. Tsipras qui a déjà eu recours plusieurs fois à de telles discussions “politiques” entre dirigeants européens pour sortir les négociations de l’impasse. Quant à l’actuel négociateur de la Grèce à Bruxelles, un proche de M. Varoufakis, il a été remplacé.
En privé, les responsables européens ne cachent pas leur soulagement de voir arriver ce nouvel interlocuteur aux manières plus proches des leurs, même s’il manie très volontiers la dialectique tsiprienne de la “rupture”, et est un pilier de Syriza, contrairement à M. Varoufakis.
“C’était une étape nécessaire. Il est évidemment plus facile de traiter avec les gens de Tsipras”, déclarait déjà lundi une source européenne à l’AFP.
Un économiste basé à Athènes, s’exprimant sous couvert d’anonymat, acquiesçait : “le climat avec Varoufakis était tellement empoisonné qu’il était impossible d’avancer”, selon lui, alors qu’au contraire “Tsakalotos a un profil plus discret”. “A ce stade, c’est un mieux considérable”, a-t-il ajouté.
M. Tsipras a cherché lors de son interview à minimiser la portée négative que ces changements pourraient avoir pour M. Varoufakis. Il a qualifié celui-ci “d’atout important”, tout en remarquant que “les négociations ne sont pas l’apanage d’une seule personne, et sont toujours sous la responsabilité du Premier ministre”.
Mais à plusieurs reprises lors de son interview, il a cité des circonstances dans lesquelles M. Varoufakis n’avait pas forcément eu raison. Se disant notamment favorable à une utilisation accrue des cartes de crédit pour mieux recouvrer la TVA, M. Tsipras a trouvé cela plus simple que “l’autre idée impliquant des personnes munies de caméras”, allusion à la trouvaille du ministère des Finances préconisant de recourir à des touristes munis de caméras cachées pour traquer les commerçants fraudeurs.
La Grèce a désespérément besoin actuellement d’obtenir les 7,2 derniers milliards d’euros promis par l’UE dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays, mais les discussions achoppent depuis janvier sur la réticence du nouveau gouvernement de gauche radicale à accepter de nouvelles réformes difficiles pour les Grecs.