éroport de Munich le 19 mars 2015 (Photo : Christof Stache) |
[29/04/2015 06:26:42] Hambourg (AFP) Lufthansa réunit mercredi ses actionnaires à Hambourg (nord), un peu plus d’un mois après le crash d’un avion de sa filiale à bas coût Germanwings qui a profondément ébranlé le groupe aérien allemand, par ailleurs lancé dans plusieurs gros chantiers.
Après la catastrophe qui a coûté la vie à 150 personnes dans les Alpes du Sud le 24 mars, sans doute délibérément provoquée par le co-pilote, la maison mère Lufthansa a adopté un profil bas, renonçant à fêter ses 60 ans début avril.
Ses pilotes, habitués des grèves depuis un an, ont aussi fait taire leurs griefs depuis ce mardi fatidique. Et le patron Carsten Spohr, omniprésent dans les médias les jours suivant le drame, s’est fait rare.
Mais mercredi il devrait avoir à répondre aux questions des quelque 2.000 actionnaires attendus au palais des congrès de Hambourg, pour ce qui sera sa première assemblée générale en tant que patron. Il a pris les rênes du groupe, qui chapeaute les compagnies Lufthansa, Germanwings, Swiss et Austrian Airlines et emploie presque 119.000 personnes, il y a pile un an.
Même sans l’actualité dramatique du crash fin mars, l’exercice n’aurait pas été facile pour M. Spohr, 48 ans. Les questions se bousculent, sur la stratégie, les résultats financiers, les performances boursières.
– Clémence –
Le crash Germanwings pourrait même ne pas occuper le devant de la scène mercredi. Presse et opinion publique en Allemagne ont été clémentes avec Lufthansa, du moment où il est apparu que le co-pilote Andreas Lubitz avait systématiquement dissimulé à son employeur ses problèmes psychologiques.
A320 au Vernet le 4 avril 2015 (Photo : Franck Pennant) |
Le débat public s’est focalisé sur les possibles assouplissements du secret médical ou le nombre de personnes à maintenir dans le cockpit des avions. Mais la question de savoir comment un jeune homme ayant souffert de tendances suicidaires a pu se retrouver seul aux commandes n’a pas soulevé les passions – et n’a pas trouvé de réponse.
Les actionnaires ont d’autres préoccupations. Sur fond de mauvais résultats financiers – un bénéfice net divisé par six -, Lufthansa les a privés de dividende pour 2014.
Et l’action est la seule du Dax avec l’énergéticien RWE à avoir perdu du terrain depuis le début de l’année (-9,18%, à 12,56 euros mardi à la clôture), quand l’indice vedette de la Bourse de Francfort a pris plus de 20%.
Incertitudes sur la stratégie et la solidité financière expliquent le désamour des investisseurs. Comme beaucoup de ses concurrentes du Vieux Continent, Lufthansa doit se battre sur plusieurs fronts: les compagnies low-cost lui volent les touristes et la forcent à baisser les prix, celles du Golfe la rattrapent sur les voyages d’affaires et le segment premium.
– Climat tendu –
Les coûts sont le gros souci du groupe, confronté aussi aux frais de renouvellement de sa flotte et aux taux d’intérêt bas qui l’obligent à provisionner plus pour les généreuses retraites de son personnel. Lufthansa a même laissé des plumes dans la baisse du cours du pétrole, pourtant une aubaine pour le secteur, à cause de pertes sur des instruments de couverture.
Pour faire face, “il faut s’affranchir des vieux schémas de pensée”, plaidait il y a peu M. Spohr, lui-même ancien pilote. Il veut positionner la compagnie Lufthansa sur le haut de gamme et les liaisons transatlantiques tout en transférant une grande partie des liaisons intérieures et européennes à Germanwings, aux coûts moins élevés.
Mais la stratégie suscite des remous, le climat social au sein du groupe est très tendu depuis un an. Le syndicat des pilotes Cockpit a organisé depuis avril 2014 pas moins de 12 grèves, certaines de plusieurs jours.
Le drame a momentanément resserré les rangs chez Lufthansa, M. Spohr exprimant sa confiance dans les pilotes, “les meilleurs du monde”, et Cockpit s’abstenant de nouveaux mouvements sociaux. Mais la trêve ne sera pas éternelle, les problèmes ne sont pas résolus.