Etats-Unis : la Fed pourrait être forcée d’être de nouveau “patiente”

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érence de presse le 18 mars 2015 à Washington (Photo : Jim Watson)

[29/04/2015 13:56:09] Washington (AFP) Refroidie par une économie ralentie au 1er trimestre, la Réserve fédérale américaine devrait à nouveau s’armer de patience mercredi même si elle avait officiellement renoncé à cette vertu lors de la précédente réunion de son Comité monétaire.

Le Comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed a repris mercredi à 13H00 GMT sa réunion de politique monétaire qu’il doit conclure par la publication d’un communiqué à 18H00 GMT.

Il devrait laisser les taux d’intérêt inchangés proches de zéro, comme ils le sont depuis presque sept ans, mais, surtout, la perspective d’une première hausse s’est considérablement éloignée avec l’annonce mercredi d’une croissance très décevante au 1er trimestre.

L’expansion de l’économie des Etats-Unis a sévèrement calé de janvier à mars, ne progressant que de 0,2% en rythme annualisé contre 2,2% au dernier trimestre 2014, décevant les attentes des analystes, qui tablaient sur un progrès de 1%.

Lors de sa dernière réunion en mars, le FOMC avait abandonné toute référence à la “patience” sur les taux dans son communiqué et la présidente, Janet Yellen, avait averti que si un resserrement du crédit était proscrit pour avril, celui-ci était possible “ensuite à n’importe quelle réunion du FOMC, suivant l’évolution de l’économie”.

De nombreux acteurs sur les marchés misaient alors sur une première hausse en juin.

Mais la médiocre performance du 1er trimestre, plombé par l’hiver rigoureux, le dollar fort et la chute des prix de l’énergie, a douché les espoirs d’une normalisation rapide de la politique monétaire.

?Une croissance économique qui cale au début de l’année exclut toute hausse imminente des taux d’intérêt”, a commenté mercredi après la publication des chiffres du département du Commerce Chris Williamson, économiste en chef de Markit.

Les marchés financiers seront attentifs à l’évaluation de l’économie donnée par le FOMC dans son communiqué, cherchant à savoir si la banque centrale attribue ce ralentissement à des facteurs seulement temporaires et si elle attend un rebond sur le reste de l’année.

Récemment, le vice-président de la Fed, Stanley Fischer, a affirmé prévoir “un rebond” après le premier trimestre.

Un autre membre du Comité monétaire, William Dudley, président de la Fed de New York, a dit “espérer” qu’une hausse des taux interviendrait “plus tard dans l’année”.

La montée du billet vert, qui pourrait coûter jusqu’à 0,6 point de pourcentage à la croissance annuelle, a handicapé les exportations, qui ont diminué de 7,2% de janvier à mars. Les bas prix du pétrole ont conduit à des suppressions d’emplois et des coupes dans les investissements des entreprises du secteur pétrolier. Une grève des ports en février sur la côte ouest a aussi engorgé les livraisons et ralenti les échanges.

-Chute du moral des ménages-

Les créations d’emplois en mars ont été décevantes, tombant à leur plus bas niveau depuis plus d’un an (126.000).

Le moral des ménages est nettement retombé ce mois-ci, selon le baromètre du Conference Board publié mardi, le faisant reculer à son niveau de décembre. Les dépenses des consommateurs, qui auraient théoriquement dû profiter du pouvoir d’achat libéré par la baisse des prix des carburants, n’ont pas été au rendez-vous. Elles n’ont gagné que 1,9% au 1er trimestre contre +4,4% au trimestre précédent.

L’inflation, – l’autre critère, avec celui de l’emploi sur lequel se base la politique monétaire de la Fed – est toujours très loin de l’objectif de la banque centrale qui est de 2% (+0,3%, selon l’indice PCE).

Tout cela “laisse croire que le Comité va dire qu’il peut rester patient”, ironisait l’économiste indépendant Joel Naroff, alors que le 18 mars, la Fed avait justement choisi d’ôter enfin ce mot de son vocabulaire pour signaler une prochaine hausse des taux.

“Ils vont probablement insister sur la nécessité de voir davantage de signes de croissance avant toute hausse des taux”, ajoute-t-il alors que cette réunion d’avril ne donne pas lieu à une conférence de presse de la présidente de la Fed.