La reprise économique espagnole gagne en vigueur au 1er trimestre

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érieur brut (PIB) espagnol a progressé de 0,9% comparé au précédent trimestre et de 2,6% en taux annuel (Photo : Lluis Gene)

[30/04/2015 10:28:28] Madrid (AFP) La reprise a gagné en force en Espagne au premier trimestre, une croissance dont le gouvernement tente de récolter les fruits en pleine année électorale, même s’il ne parvient pas à régler le problème du chômage.

Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,9% comparé au précédent trimestre et de 2,6% en taux annuel, selon une première estimation publiée jeudi par l’Institut national de la statistique.

Ceci marque une accélération de la croissance par rapport à l’augmentation de 0,7% enregistrée au quatrième trimestre de 2014 et correspond au “plus fort gain intertrimestriel depuis le 4e trimestre 2007”, relève Jonathan Loynes, économiste chez Capital Economics.

L’Ine ne précise cependant pas quels sont les secteurs ayant le plus contribué à cette croissance, mais les facteurs sont connus.

La quatrième économie de la zone euro est sortie en 2014 de cinq années de récession ou de croissance nulle, avec un bond de son PIB de 1,4%.

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Evolution trimestrielle du PIB espagnol depuis 2013 et annuelle depuis 2010

Elle bénéficie de l’appétit retrouvé des entreprises et des consommateurs, après plusieurs années de vaches maigres, tandis que sur le plan extérieur, les efforts des sociétés espagnoles soutiennent les exportations.

A cela s’ajoutent depuis quelques mois d’autres vents favorables. Le pays, importateur net de pétrole, ressource représentant près de la moitié de sa consommation énergétique, profite à plein de la chute des prix du brut.

Selon les analystes de BBVA Research, cette conjoncture pourrait apporter un coup de pouce de 0,7% au PIB.

– la fin du bipartisme? –

La politique menée par la Banque centrale européenne –taux historiquement bas et rachats d’actifs pour relancer l’économie en zone euro avec pour conséquence la baisse de l’euro face au dollar–, est également une bonne nouvelle pour l’Espagne, en soutenant le crédit et les exportations.

Du coup, le Parti populaire (droite) au pouvoir tente d’exploiter ces résultats, en pleine année électorale, en axant sa campagne sur la croissance.

Mariano Rajoy a relevé lundi sa prévision de croissance de 2,4% à 2,9% pour 2015 et à un niveau équivalent pour 2016, se montrant plus optimiste que les économistes ou la Commission européenne.

“L’Espagne aura la plus forte croissance parmi les grandes économies de la zone euro”, s’est-il vanté. Confronté à l’émergence de forces politiques nouvelles, l’antilibéral Podemos et de centre-droit Ciudadanos, le gouvernement met en avant son bilan économique avant les élections régionales et municipales du 24 mai et les générales prévues en fin d’année.

“Cette prévision de croissance veut dire que cette année nous créerons plus d’un demi-million d’emplois”, a assuré Mariano Rajoy.

Le pays reste cependant confronté à un chômage de masse. Alors qu’il ne touchait que 8,57% de la population active en 2007, il était de 23,78% au premier trimestre. L’Espagne se classe en queue de peloton de l’Union européenne, seule la Grèce faisant pire.

Madrid table sur un taux qui sera encore de 22,2% à la fin de 2015, mais pourrait améliorer ce chiffre dans le cadre des prévisions macroéconomiques présentées ce jeudi à Bruxelles.

Un tel niveau reste préoccupant, avertit Raj Badiani, économiste chez IHS, d’autant que les revenus des ménages ont diminué par rapport aux niveaux d’avant-crise (encore 10% inférieurs à ceux de 2009). L’économiste s’inquiète aussi du niveau du déficit, 4,2% du PIB prévu par Madrid en 2015.

Les analystes surveilleront de près les résultats électoraux cette année, et la fin possible du bipartisme ayant dominé la vie politique depuis la transition démocratique après la mort du dictateur Franco en 1975, un facteur selon eux d’instabilité.

L’agence de notation financière Standard and Poors, qui a confirmé récemment la note de la dette de l’Espagne comme Fitch, parle d'”incertitudes quant à un possible changement de politique économique et fiscale”.