La Fédération tunisienne des directeurs de journaux nous fait l’honneur de répondre à notre article sur les «entrepreneurs de presse». On s’en réjouit! Si nous avons généralisé certaines tares ou focalisé sur certaines autres, c’est pour la bonne cause et comprendra qui vaudra!
Quant à la qualité de journaliste que la FTDJ dispute à Ali Laïdi Ben Mansour, il faut rappeler que cette qualification n’est en aucun cas déterminée par un papier administratif aussi «légaliste» que soit l’arrière-pensée de celui qui le prétend!
Voici le droit de réponse intégral de la FTDJ!
Droit de réponse à l’article Plutôt “entrepreneurs“ des médias que “patrons“ de presse
Suite à l’article intitulé «Plutôt “entrepreneurs“ des médias que “patrons“ de presse» publié dans vos colonnes, lundi 27 avril, j’aimerai éclairer l’opinion publique sur un bon nombre de contrevérités, contenues dans ledit article.
Sur la forme d’abord, M. Ali Laïdi Ben Mansour signe son article par la mention journaliste, alors qu’il a cessé de l’être depuis des lustres, puisqu’il est devenu attaché de presse dans une entreprise privée. La profession étant protégée et seuls les titulaires d’une carte de presse peuvent mentionner le titre « journaliste », ce qui n’est pas le cas de M. Ben Mansour. L’article tend à la généralisation et aux raccourcis simplistes, plutôt dignes d’une discussion de café que d’un article d’expert dans un média respectable, comme l’est Webmanagercenter.
Revenant l’époque de l’ancien régime, M. Ben Mansour dit que «les patrons de presse étaient protégés», or ceci est faux, comme l’attestent plusieurs rapports du SNJT et les témoignages des patrons de médias.
M. Ben Mansour dit «qu’il n’y a jamais eu de journal ayant déclaré faillite durant plus de 50 ans d’indépendance » et ceci est faux. Les exemples de faillites de journaux sont nombreux et se comptent par dizaines. Et ces faillites concernent aussi bien les journaux publics que privés.
M. Ben Mansour dit que «les patrons de presse ne payaient pas du tout, ou payaient partiellement, les impôts et les taxes et surtout la sécurité sociale de leurs employés» et ceci est tout aussi faux. Cette déclaration manque de preuves et ne peut, en aucun cas, être généralisée. Qu’il y ait certains abus, commis par certains patrons de presse, ceci est indéniable, mais ceci ne saurait être généralisé et n’a jamais été une pratique majoritaire dans le secteur. Idem quant au paiement des piges pour les journalistes. Il suffit de lire les rapports financiers des médias pour s’en rendre compte : les charges relatives aux salaires des journalistes réguliers ont toujours été supérieurs aux honoraires des pigistes et ce dans une majorité de journaux.
M. Ben Mansour dit que «les entrepreneurs de presse en Tunisie sont, par exemple, propriétaires d’hôtels, ou investisseurs dans l’immobilier ou encore dans l’agriculture et même patrons de café et j’en passe». Ceci est vrai, mais valable uniquement pour quelques cas. Ceci n’a rien de déshonorant ou de contraire à l’éthique et fait partie de la sphère privée et de la liberté d’entreprendre des individus.
M. Ben Mansour dit que «Ces entrepreneurs de presse ne peuvent pas intrinsèquement penser à la qualité de la production. Révolution ou pas, ils continuent les pratiques dont ils ont eu l’habitude! Parler avec eux de «conseil de rédaction», de «ligne éditoriale» ou encore de «clause de conscience» est vain!» et ceci est tout aussi faux. Les conseils de rédaction existent dans un bon nombre de journaux et aucun journal au pays ne fonctionne sans une ligne éditoriale, aussi discutable soit cette ligne. A la fédération tunisienne des directeurs de journaux, la défense de la liberté d’expression et la qualité du produit journalistiques sont d’ailleurs nos deux priorités.
M. Ben Mansour dit que «Ce n’est pas un hasard que les deux journaux les plus vendus après la révolution soient «Echourouq» et «Essarih». Comme si de rien n’était! D’ailleurs, les deux «organes» se sont illustrés magnifiquement par leur traitement «exemplaire» de la visite de BCE en France». Je tiens à remarquer que les articles cités par M. Ben Mansour ont été rédigés par des journalistes et non par des patrons de presse, il suffit de lire les signatures.
M. Ben Mansour conclut qu’à «quelques rares exceptions près, on ne peut aujourd’hui pas citer un organe de presse, tous supports confondus, en exemple de qualité! La qualité n’est tout simplement pas une catégorie accessible aux “entrepreneurs“ de presse!» Ceci n’est pas tout à fait faux dans le constat, mais accuser les patrons de presse d’être responsables de cet état de fait est totalement trompeur. Une petite enquête, de quelques heures, aurait suffi à M. Ben Mansour pour connaitre les véritables problèmes du secteur.
Nizar Bahloul, vice-président de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux.