ésident de la RATP Pierre Mongin le 28 avril 2015 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[01/05/2015 08:30:23] Paris (AFP) Le président de la RATP Pierre Mongin quitte l’opérateur des métros parisiens, qu’il aura incarné pendant neuf ans, pour rejoindre lundi la direction de GDF Suez, récemment rebaptisé Engie, et participer à la transformation de ce géant de l’énergie.
Son départ de la RATP, neuf mois après sa reconduction, a surpris, y compris au sein même de l’entreprise publique. Devant les cadres supérieurs de la RATP, mi-avril, Pierre Mongin a évoqué “un choix personnel, pour relever un nouveau défi professionnel”.
Cette annonce “a suscité la surprise, l’étonnement. Mais il se disait aussi en interne qu’aucun grand patron de la RATP n’était resté aussi longtemps depuis les années 50”, commente une source proche du dossier.
“Pierre Mongin avait été reconduit en juillet 2014, grâce à un bilan très positif. Il a conforté la position du groupe RATP en Ile-de-France”, note Bertrand Mouly-Aigrot, spécialiste des transports et associé chez Archery Strategy Consulting.
Un bilan qui a convaincu la direction d’Engie -ex-GDF Suez- de le démarcher: “le parcours de Pierre Mongin, qui a piloté avec succès la réorganisation en profondeur de la RATP (…), apportera une contribution précieuse à la transformation du groupe”, avait expliqué son PDG Gérard Mestrallet.
Relations normalisées avec le Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif), développement à l’international, positionnement sur le projet de métro automatique du Grand Paris, préparation à l’ouverture à la concurrence en Ile-de-France: les observateurs s’accordent sur les points forts de son mandat.
A son arrivée en 2006, “la RATP était encore toute puissante, et l’acceptation du Stif comme interlocuteur (…) déclenche une sécurisation des investissements, et une meilleure transparence des indicateurs, qualité de service par exemple”, souligne Gilles Dansart, journaliste et directeur de la lettre spécialisée Mobilettre.
Il “a également obtenu des périodes de transition assez longues avant l’ouverture à la concurrence du réseau francilien historique, ce qui permet à la RATP de s’y préparer en douceur”, relate Bertrand Mouly-Aigrot. “Certains auraient voulu que ça aille plus vite”, nuance Gilles Dansart.
“Sous sa présidence, le développement à l’international s’est accéléré, passant d’un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros en 2008 à près de 900 millions d’euros” pour la filiale RATP Dev, détaille Bertrand Mouly-Aigrot. “Il y avait juste quelques bus à Casablanca (Maroc) au début de cette aventure. Il y a cru tout de suite, y a mis toute son énergie”, se souvient la source proche.
A ce tableau dithyrambique s’ajoute l’amélioration des relations sociales : “l’indicateur, c’est qu’il n’y a pas de grève”, commente encore Gilles Dansart.
“Et, ce n’est pas un détail, les finances du groupe sont saines”, ajoute Bertrand Mouly-Aigrot.
– Personnalisation du pouvoir –
Côté propreté du réseau néanmoins, le bilan reste mitigé, malgré le coup d’accélérateur donné dans les derniers mois.
Il est également reproché à l’ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin, une impatience, sa “marque de fabrique”, selon la source proche. Mais aussi une “personnalisation du pouvoir”, souligne Gilles Dansart, pour qui “Pierre Mongin a complètement incarné la RATP”.
“Incarner son entreprise permet de promouvoir ses savoirs-faire, mais aussi de la défendre quand elle est attaquée”, nuance la source proche, affirmant que Pierre Mongin n’est “pas un patron mégalo”.
“Une fois qu’il a endossé un dossier, il le porte quoiqu’il arrive”, et “il a donné une vraie impulsion à la RATP, devenue un groupe sans renier ses valeurs”, confie-t-il.
Pierre Mongin assure lui qu’il laisse une entreprise “en bon état de marche”, alors qu’il “ne l'(a) pas trouvée en si bon état”.
Avant de partir, il a distribué quelques piques, mettant en doute la compétence du groupement choisi pour réaliser la future gare de Saint-Denis Pleyel, ou s’inquiétant du financement que doivent apporter les collectivités locales à la future ligne 11.
La directrice de cabinet de la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, Elisabeth Borne, doit lui succéder. Un conseil d’administration extraordinaire doit approuver sa candidature, et elle sera ensuite entendue par le Parlement, avant d’être nommée en conseil des ministres.