Le Fonds mondial pour la nature (WWF) vient de publier un rapport, le premier qui se penche aussi précisément sur la question du patrimoine océanique et les dangers qui guettent les richesses des océans, évaluées à 24.000 milliards de dollars américains.
Intitulé “Raviver l’économie des océans: plaidoyer pour l’action 2015”, le rapport analyse le rôle moteur joué par les océans dans l’économie, selon WWF.
A travers des études incluses dans le rapport, le WWF associe les preuves de la gravité de la dégradation de l’écosystème à un plaidoyer économique en faveur d’une action urgente.
Dans ce rapport, co-produit avec le Global Change Institute de l’Université du Queensland et le Boston Consulting Group (BCG), l’accent est mis sur les richesses marines et les biens et des services procurés par les environnements marins et côtiers.
Il s’agit également de décrire les agressions incessantes subies par des ressources océaniques, exposées à la surexploitation, à l’érosion rapide, aux mauvaises pratiques et au changement climatique.
Les océans, au 7ème rang des économies mondiales
La valeur des actifs océaniques est estimée à 24.000 milliards de dollars. Calculé de la même manière que le PIB national, le Produit Marin Brut (PMB) annuel placerait les océans au septième rang des économies mondiales grâce à une production annuelle de biens et services évaluée à 2.500 milliards de dollars.
“Dans ce contexte global, la mer Méditerranée s’impose comme un patrimoine crucial pour les pays côtiers”, précise Giuseppe Di Carlo, directeur du Mediterranean Marine Program du WWF.
“Le tourisme maritime et côtier représente, à lui seul, plus d’un tiers de l’économie maritime en Méditerranée, génère une valeur d’environ 100 milliards d’euros et emploie 1,7 million de personnes”.
“Certes, la richesse de l’océan n’a rien à envier à celle des pays les plus riches du globe, mais nous sommes en train de la laisser sombrer et de précipiter du même coup la chute de cette économie”, prévient Marco Lambertini, directeur général du WWF International.
“Aucun acteur responsable ne peut raisonnablement continuer à prélever les précieux actifs océaniques sans investir dans l’avenir”, a-t-il déclaré.
D’après le rapport, la valeur de la production économique annuelle des océans dépend, à plus des deux tiers, de la santé du patrimoine océanique. Or, l’effondrement des stocks de poissons, la déforestation des mangroves, la disparition des coraux et des herbiers mettent en péril le moteur économique marin dont sont tributaires la vie et les revenus de nombreux humains sur Terre.
C’est en quantifiant la valeur annuelle produite par les océans du globe et celle du patrimoine correspondant que nous pouvons pointer du doigt les vrais enjeux aux plans économique et environnemental.
La croissance démographique humaine et notre dépendance à l?égard de la mer font de la restauration de l?économie maritime et des actifs océaniques une urgence planétaire.
Douglas Beal, associé et directeur général au Boston Consulting Group, a indiqué que les initiateurs de ce rapport veulent sensibiliser les dirigeants d’entreprises et les décideurs politiques “à la nécessité de prendre des décisions plus raisonnables et plus avisées pour façonner l’avenir de notre économie océanique commune”.
“L’océan encourt davantage de risques aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment de notre histoire. Nous prélevons trop de poissons, rejetons trop de polluants, réchauffons et acidifions l’océan au point que les systèmes naturels essentiels vont tout simplement s’arrêter de fonctionner”, annonce Ove Hoegh-Guldberg, auteur principal du rapport et directeur du Global Change Institute de l’Université du Queensland (Australie).
Les récifs coralliens vont disparaître en 2050
Les études incluses dans le rapport montrent qu’au rythme de réchauffement actuel, les récifs coralliens, qui procurent alimentation et emplois à plusieurs centaines de millions de personnes et en assurent aussi la protection contre les tempêtes, auront complètement disparu en 2050.
Au-delà du réchauffement des eaux, le changement climatique induit une acidification océanique dont la résorption s’étalera sur des centaines de générations humaines.
Autre cause majeure de détérioration des océans: la surexploitation, puisque 90% des stocks mondiaux de poissons sont surexploités ou complètement exploités. A titre d’exemple, la population de thons rouges s’est effondrée de 96% depuis que l’espèce est pêchée.
Il n’est, toutefois, pas trop tard pour inverser les tendances inquiétantes à l”oeuvre et garantir la bonne santé d’un océan bénéficiant aux individus, aux entreprises et à la nature.
Le rapport “Raviver l’économie des océans” présente, pour cela, un plan d’action en huit points permettant de restaurer pleinement le potentiel des ressources océaniques.
Parmi les solutions les plus urgentes présentées dans le rapport: l’incorporation de la reconstitution des actifs océaniques à l’ensemble des Objectifs de développement durable de l’ONU, la lutte contre le changement climatique au niveau mondial et la définition d’engagements ambitieux en faveur de la protection des zones côtières et marines.