à Paris (Photo : Eric Feferberg) |
[04/05/2015 20:38:39] Paris (AFP) A la veille du vote à l’Assemblée nationale du projet de loi controversé sur le renseignement, les opposants à ce texte jugé “liberticide” se sont mobilisés dans la rue et sur internet pour rallier les députés à leur cause et sensibiliser l’opinion.
En fin d’après-midi, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées sur l’esplanade des Invalides, à Paris, à l’appel d’une multitude d’associations (Ligue des droits de l’Homme, Génépi, Amnesty international, etc.), de syndicats (Syndicat de la magistrature, Syndicat des avocats de France, CGT Police, etc.) et de partis politiques (EELV, PCF, Parti de Gauche) pour être “entendus, pas écoutés”, comme l’a résumé une pancarte.
Ils craignent la perspective d’une surveillance de masse, sans contrôle suffisant et en appellent aux députés pour amender ou abandonner le projet de loi.
“Demain, ne votez pas ce texte”, a exhorté au micro Laurence Buisson, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature. Elle a dénoncé un texte qui, “sous prétexte d’encadrer l’activité des services de renseignement va très loin dans la capacité de surveillance des citoyens”, pointant en particulier les techniques “intrusives, attentatoires aux libertés”, qui seraient légalisées, comme les boîtes noires ou les Imsi-catchers.
à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
“C’est un vrai bras d’honneur envoyé aux militants, aux lanceurs d’alerte”, a estimé Olivier Besancenot, présent au rassemblement parisien, soulignant toutefois qu'”il y a un grand mouvement d’opinion qui peut bloquer cette loi”.
Présidente d’Amnesty international France, Geneviève Garrigos regrette qu'”on tend[e] à rendre légal ce qui ne devrait pas l’être”. “Ce que nous voulons, c’est des garanties pour la protection de nos droits”, que le citoyen soit “respecté dans son droit à la vie privée, à la liberté d’expression”, explique-t-elle.
A Toulouse, environ trois cents personnes ont manifesté non loin du Capitole, arborant des pancartes “Je suis fiché(e)”, “Je suis surveillé(e)” ou “Valls is watching you” (Valls vous surveille).
“Il est inadmissible qu’une loi de droite soit votée par un gouvernement de gauche”, a déclaré l’ancien vice-président du parlement européen, Gérard Onesta, tête de liste d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) dans la nouvelle région Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon pour les élections de décembre.
– ‘Le Big Brother français’-
Manuel Valls s’est dit lui “déterminé et serein”, affirmant que dès mardi “notre pays sera plus fort avec l’adoption de ce texte”, un texte que le Sénat “améliorera”.
Il a salué un “texte efficace” qui allie “la sécurité indispensable que demandent les Français à nos principes fondamentaux de liberté et de démocratie”.
Toute la journée, des militants se sont relayés dans une “war room” à Paris, pour contacter un à un les députés. Point rouge pour les défenseurs du texte, point vert pour les opposants et coeur rose pour les plus mobilisés: sur un hémicycle reconstitué, les photos des députés se sont teintées au fur et à mesure des réponses collectées.
âtonnier de Paris Pierre-Olivier Sur, le 17 octobre 2014 à Paris (Photo : Stephane de Sakutin) |
A la mi-journée, la couleur dominante était le jaune, symbolisant les députés qui n’avaient pas encore pris position, a expliqué à l’AFP Julien Bayou, porte-parole d’Europe Ecologie – Les Verts (EELV): “il y a beaucoup d’indécis. C’est ceux-là qu’on vise, notamment l’UDI”.
Outre EELV, le PCF a participé à cette journée de mobilisation baptisée “24h avant 1984”, en référence au célèbre roman de George Orwell.
Le lobbying a aussi été intense sur internet. “On essaie de pousser les citoyens à se mobiliser”, a expliqué à l’AFP Adrienne Charmet, de la Quadrature du net, “tout le monde est concerné”.
Sur la plateforme change.org, plus de 122.000 soutiens avaient signé lundi une pétition contre le “Big Brother français”.
D’autres voix se sont élevées récemment comme celle de l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT).
L’adoption du texte à une large majorité semble toutefois probable, de nombreux députés UMP ayant déclaré qu’ils le voteraient, suivant ainsi la position de Nicolas Sarkozy.