à Rio de Janeiro le 6 janvier 2015 (Photo : YASUYOSHI CHIBA) |
[06/05/2015 18:41:57] Paris (AFP) Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, a donné son feu vert définitif à la renaissance de la célèbre marque Alpine, synonyme de voitures sportives et légères, a-t-on appris mercredi de source syndicale.
L’engagement ferme de relancer Alpine, après 20 ans de sommeil, “nous a été annoncé en comité d’entreprise la semaine dernière”, a indiqué à l’AFP le délégué CGT de l’usine de Dieppe (Seine-Maritime) Patrick Carel, confirmant une information dévoilée par le magazine Challenges.
“On savait que le véhicule se ferait. D’ailleurs il y a des travaux actuellement pour préparer sa fabrication”, a ajouté M. Carel.
La résurrection de la marque qui avait connu son heure de gloire dans les années 1960 et 1970 sur les circuits fermés, en rallye et entre les mains de passionnés, était déjà évoquée par Renault depuis trois ans, mais s’était heurtée à plusieurs obstacles.
Renault avait annoncé fin 2012 avoir noué un partenariat avec le britannique Caterham, présent en Formule 1, pour produire à Dieppe, fief historique d’Alpine, une voiture de sport vendue sous les deux marques.
Mais le milliardaire malaisien Tony Fernandes, propriétaire de Caterham, avait revendu son équipe à la mi-2014 à un consortium d’investisseurs suisses et moyen-orientaux, et s’était désengagé de sa collaboration avec la firme au Losange.
Dans la foulée, M. Ghosn et l’industriel Vincent Bolloré avaient annoncé en septembre 2014 que de petites voitures électriques Bluecar destinées à l’autopartage (Autolib’) seraient produites dans l’usine de Dieppe à compter du second semestre 2015.
Ce partenariat industriel avait été présenté comme un “gage d’avenir” pour ce site industriel de taille réduite (300 salariés) qui pour l’instant n’assemble que des versions sportives RS de la Clio.
– Avant-goût au Mans en juin –
Le retour d’Alpine devait aussi beaucoup à Carlos Tavares, ancien numéro deux de Renault passionné de sports mécaniques. Son passage à la concurrence début 2014, lorsqu’il avait pris la présidence du directoire de PSA Peugeot Citroën, avait alimenté les rumeurs d’une annulation du projet.
Selon Challenges, M. Ghosn a consenti à un investissement de 600 millions d’euros pour relancer Alpine, et un prototype préfigurant le modèle de série pourrait faire son apparition en marge des 24 Heures du Mans, à la mi-juin. Le journal évoque même un projet de SUV (4×4 urbain) dans les tuyaux, à l’instar de ce que prévoit l’Italien Maserati.
Une source proche du groupe au Losange s’est refusée à confirmer les chiffres de Challenges, ou la forme que pourrait prendre une extension de la gamme. En revanche, cette source s’exprimant sous couvert d’anonymat a confirmé que la prochaine édition de l’épreuve d’endurance sarthoise serait l’occasion d’une présentation liée à la marque Alpine.
Renault, qui a déjà fait renaître le nom d’Alpine l’année dernière sur les circuits via le championnat du monde d’endurance, avait déjà évoqué pour son nouveau modèle le terme “berlinette du XXIe siècle” respectueuse de son héritage, référence à la fameuse A110, championne du monde des rallyes en 1973.
De source proche de la firme au Losange, la prochaine Alpine de série sera présentée sous sa forme définitive en 2016 et commercialisée l’année suivante.
Parmi les autres modèles emblématiques de série d’Alpine figurent l’A310 produite de 1971 à 1984, piochant comme l’A110 dans le stock de pièces de l’alors Régie nationale, et la GTA/A610 (1984-1995) qui avait quitté le monde des sportives légères pour se rapprocher du grand tourisme, plus confortable et équipée de puissants moteurs V6.
Victime d’une désaffection des acheteurs, la marque fondée par Jean Rédélé en 1955 et rachetée au début des années 1970 par Renault avait ensuite été mise en sommeil et l’usine de Dieppe s’était reconvertie dans la fabrication de modèles Renault, notamment des sportives.