Une rentabilité faible, un manque d’infrastructure et des difficultés de financement, voilà ce qui caractérise actuellement la situation aussi bien des terres domaniales récupérées par l’Etat que les lots cédés, selon des données du Centre national des études agricoles présentées mercredi 5 mai, lors d’un débat sur la bonne gouvernance dans l’attribution des terres domaniales agricoles.
Ces difficultés concernent également le suivi de l’exploitation des terres domaniales agricoles et la durée limitée de l’exploitation accordée aux techniciens agricoles, a affirmé Souaâd Ben Sassi, représentante du Centre dans une intervention dans le cadre de ce débat tenu à Tunis.
Ainsi, durant ces dernières années, l’Etat a cédé aux particuliers 232 lots qui demeurent sous-exploités en raison de l’accès difficile au financement.
Après la révolution, 119 fermes d’une superficie de 68.000 ha ont été récupérées par l’Etat. Les investissements placés dans ces fermes se sont élevés à une moyenne de 3.300 dinars par hectare, selon Mme Ben Sassi.
Quant au taux du recouvrement des dettes des techniciens, il ne dépasse pas les 30%, contre 40% pour les sociétés de mise en valeur et du développement agricole.
Pour cette responsable, les grandes exploitations récupérées par l’Etat ont besoin d’investissements importants pour leur garantir une meilleure exploitation, ce qui oblige l’Etat à conclure des contrats de partenariat avec le secteur privé, et à céder la totalité ou une partie de ces terres aux particuliers.
«L’Etat est appelé aujourd’hui, à se désengager des activités agricoles, en cédant surtout les terres domaniales aux particuliers et notamment aux ingénieurs agronomes pour réduire le chômage et améliorer la rentabilité agricole», estime de son côté le président de l’Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT), Oussama Lakhriji.
«L’intervention directe de l’Etat dans ce domaine n’a pas donné des résultats probants, tant au niveau de la rentabilité agricole que de la valeur ajoutée», a-t-il dit.
L’Etat doit se contenter de mettre en place un cadre juridique favorable à l’activité agricole, de moderniser l’infrastructure de base et de créer des comités et des structures chargés du contrôle et de l’arbitrage dans le domaine agricole, a-t-il encore précisé.
Toutefois, la cession des terres domaniales risque d’ouvrir la porte à la propriété étrangère de manière à porter préjudice à la souveraineté nationale, d’après président de l’association tunisienne des ingénieurs agronomes, Nabil Hamada.
Avant d’opter pour cette solution, l’Etat est appelé d’abord, à procéder à une évaluation complète des terres domaniales et des lots techniciens déjà cédés aux particuliers et à la dynamisation de la commission nationale consultative en vue de régulariser les situations de cession, a -t-i indiqué.
A cet égard, les dossiers de 70 lots demeurent encore bloqués d’après le Centre national des études agricoles.
Des participants ont, en outre recommandé l’attribution des sociétés de mise en valeur et de développement agricole à des groupes d’ingénieurs agronomes, toutes spécialités confondues, de manière à contribuer à résoudre le problème de chômage qui concerne 70% des ingénieurs agronomes.
Il importe également de porter les salaires de ces ingénieurs exploitants à deux fois et demi ceux de la fonction publique, compte tenu des risques inhérents à la nature de l’activité agricole.