Les superficies consacrées à l’agriculture biologique sont en train de diminuer, alors que les opérateurs du secteur (producteurs, transformateurs et exportateurs) se multiplient de plus en plus, a indiqué dans un entretien avec l’agence TAP, Samia Mâamer, directrice générale de l’agriculture biologique au ministère de l’Agriculture.
Les données statistiques du ministère de l’Agriculture montrent que ces superficies sont passées de 400.000 hectares en 2010 à 220.000 ha en 2015, alors que le nombre d’opérateurs a progressé de 2.600 en 2010 à 3.300 personnes en 2015.
Mme Mâamer a expliqué que cette régression est imputable à l’abandon de l’exploitation des superficies oléicoles détenues par l’Office des Terres domaniales (OTD), estimées à 60.000 ha, à cause du coût élevé des intrants, du compostage et de celui de la maîtrise des techniques de production.
Près de 150.000 ha consacrés à la production des champignons auparavant détenus par des membres de la famille du président déchu, ont été morcelés abusivement par des particuliers après la révolution, a t-elle fait savoir.
Côté production, l’agriculture biologique a, toutefois, gagné des points au cours de ces deux dernières années. En effet, la production de l’huile d’olive biologique s’est développée à 60 mille tonnes en 2015, contre 10,7 mille tonnes seulement en 2014.
Partant, les exportations de cette variété se sont accrues à 15.000 tonnes générant ainsi près de 100 millions de dinars en devises en 2015, contre 30,2 MD en 2014.
La Tunisie a exporté 7.000 tonnes de dattes biologiques au cours de la campagne 2014-2015, générant ainsi près de 30 MDT contre 13,5 MDT en 2014 ainsi que des plantes aromatiques et médicinales, dont l’utilisation crée une valeur ajoutée à l’agriculture biologique.
Beaucoup reste à faire pour l’agriculture biologique
Au total, 60 produits biologiques d’origine tunisienne s’exportent actuellement vers les cinq continents pour des recettes de l’ordre de 120 MDT.
«Il reste, toutefois, du chemin à faire pour l’agriculture biologique, vu les opportunités énormes qu’elle offre en matière d’exportation et d’emploi», a fait valoir Mme Mâamer.
Pour ce faire, «nous devons élargir notre vision quant aux perspectives du produit bio, en tant que générateur de postes d’emplois supplémentaires. Il faut développer le bio en rapport avec les secteurs conventionnels, comme l’agro-tourisme, l’artisanat et le textile, afin d’aboutir à des produits phares exportables sur tous les continents. L’objectif étant de «faire de l’agriculture biologique, un moteur du développement régional durable».
«Jusqu’ici, la Tunisie a entamé la première expérience en matière de réglementation sur l’agriculture biologique, à la double échelle arabe et africaine » a-t-elle rappelé.
Outre la reconnaissance de la Suisse au niveau du système de contrôle des produits bio, la Tunisie a également été reconnue à un niveau «équivalent» avec l’Union européenne en matière de production biologique en 2009.
Cela a permis, d’après Mme Mâamer, d’aller au-delà de la sphère traditionnelle de l’exportation pour la conquête des marchés africains. Reste à «développer la demande intérieure, en faisant connaître davantage les bienfaits du bio auprès du consommateur tunisien…».
Dans le cadre de la semaine nationale du produit biologique tunisien qui se tient du 5 au 11 mai 2015 sous le signe “le produit biologique outil du développement régional durable”, un train éco-touristique «la rose des sables» a voyagé le 20 février 2015 vers Kasserine en passant par le Kef et Siliana, pour promouvoir le produit bio à l’échelle régionale.
Ce train a été créé en juin 2014 dans le cadre d’une convention entre la société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) et le Tour opérateur européen “Discovery Trains “DT” spécialisé dans le tourisme à bord des trains.
Une récente étude sur l’agriculture biologique dans cinq zones pilotes sera présentée, le 11 Mai, au cours de la semaine nationale des produits biologiques.