Il va régner à Westminster * et va gouverner, au 10, Downing Street’’** seul en tête des Thories ***. Terrific! Et, il balaie tout sur son passage. Ses adversaires politiques, laminés, sont poussés vers la sortie. Et dans la foulée, va-t-il régler son compte à l’Europe?
Le mandat de Cameron sera l’ère de la suprématie du Royaume-Uni: Rule Britannia!
C’est un exploit électoral sans précédent. David Cameron va à la fois régner sur le Parlement et gouverner l’Angleterre; une double casquette exclusive pour ce nouveau Winston Churchill. Tout semble lui sourire. Il a forcé les Anglais à accepter des réformes poussées. Il a démenti les sondages. Et d’un coup, il efface Ed Miliband du parti travailliste, Nick Clegg du parti Lib Dem’, enfin Nigel Farage du parti d’extrême droite.
Politiquement, c’est un cas d’opposition exit! Bravo. Mais où s’arrêtera David Cameron?
Une victoire en rouleau compresseur pour l’UE
David Cameron s’est fait élire sur la base d’une promesse du referendum du destin, pour m’exprimer en oriental. Celui-ci aurait lieu en 2017. Il appellera les Anglais à voter “pour“ ou “contre“ la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE. Simple mais lourd de conséquences. L’Angleterre n’a jamais été très enthousiaste de rallier l’Europe et elle a toujours snobé l’Europe métropolitaine, continentale. D’ailleurs, Outre-Manche, le Traditionnal Joke, par temps de brouillard, fait dire à l’Anglais commun, en fixant l’horizon, “Tiens, le continent est isolé“.
David Cameron ressuscite le souvenir de l’Amiral Horatio Nelson qui a confiné l’Europe dans un blocus continental et dans une tension guerrière permanente. Schoking! Va-t-on rebeloter? Eurosceptiques, pour dire poliment, euroméprisants, les Anglais n’ont jamais aimé à avoir à fricoter avec les continentaux. D’ailleurs, ils regardent les Français comme des mangeurs de grenouilles, les Italiens en ritals et passons. Comment ont-ils résisté à l’Euromania? En gardant la livre sterling, en ce moment plus forte que jamais et en refusant de se joindre à l’euro.
The Old Lady (comprenez la Banque d’Angleterre) of threadneedle street (le siège de la banque), fait un pied de nez constant à la BCE. Et à la City de Londres, Mario Draghi, son patron, n’a pas droit de cité. Mais sans vouloir pousser plus loin dans la plaisanterie, en quoi David Cameron menacerait-il l’Europe?
Réduire l’Europe à un marché commun, point à la ligne
L’Angleterre de Tony Blair a torpillé le projet de Convention européenne, et pour emprunter un titre à la Banque mondiale, le projet européen est resté inachevé. Comprenez que l’Europe ne peut aller vers une autorité politique significative. De ce fait, elle n’aura pas une diplomatie unique et restera sans défense commune. L’Europe sera donc sous la coupe de l’OTAN.
La Grande-Bretagne, en ralliant l’Europe à six dans le courant des années 60, voulait imposer une vision en démarcation avec le Traité de Rome de 1957. Elle voulait un espace commun marchand, un point c’est tout. L’Europe a trébuché et s’est contentée d’un dispositif institutionnel hybride. Cela la rend vulnérable et David Cameron serait en mesure de la ramener à cette simple configuration commerciale. Il pourrait y parvenir en exerçant un chantage à la BritExit: Ou on reconfigure un certain nombre de conventions européennes pour revenir au marché commun ou on quitte la table.
Curieusement cet argument massue apporte de l’eau au moulin de Marine Le Pen qui s’est saisie de la victoire de David Cameron pour l’appeler à tenir parole et à organiser le referendum en question. Celui-ci, prévu pour 2017, tombe pile l’année de la présidentielle en France. Il peut donc influer sur le résultat. On comprend dès lors l’empressement de François Hollande à interpeller le Premier ministre anglais en lui rappelant qu’il faut d’abord qu’il se concerte avec les autres chefs d’Etat européens avant d’initier quoi que ce soit. Sera-t-il entendu? L’Europe court-elle à sa fin et va-t-elle au devant d’un flop programmé?
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*Siège du Parlement anglais
**Résidence du Premier ministre britannique
***Surnom du Parti conservateur